Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez estimé mercredi que «menacer d'interdire les manifestations était le signe d'un gouvernement aux abois», en dénonçant les accusations «inacceptables» du Premier ministre Manuel Valls qui a évoqué une attitude «ambiguë» du syndicat à l'égard des casseurs.
L'organisation a souligné qu'il incombait «aux pouvoirs publics» dont Manuel Valls «a la première responsabilité, d'assurer la sécurité et le maintien de l'ordre», au lendemain de violences intervenues lors d'une manifestation nationale. La CGT assure avoir pris «les dispositions nécessaires afin de garantir la sécurité des participants à cette manifestation massive».
«Quand on n'est pas capable d'organiser une manifestation [...] alors on n'organise pas ce type de manifestation qui peut dégénérer", avait déclaré Manuel Valls mercredi sur France Inter. Mais c'est en visite à l'hôpital Necker qu'il a été le plus explicite en affirmant que si les prochaines «manifestations font craindre de nouveau [...] qu'elles se terminent comme celle d'hier, alors nous serons amenés à prendre nos responsabilités».
Du côté de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, s'est insurgé contre les menaces d'interdiction des manifestations émises par l'exécutif, suggérant que dans ce cas, «on interdise l'Euro» de football, «puisqu'il y a également des violences».
«Je ne trouve pas ça très responsable. Alors qu'on interdise l'Euro! Je rappelle qu'il y a également des violences», a ajouté le leader, rappelant les affrontements intervenus samedi à Marseille.
«Je ne comprends pas qu'un gouvernement de gauche puisse interdire des manifestations organisées par des syndicats», a-t-il déclaré à l'AFP, très remonté.
«Les organisations syndicales font leur travail dans les cortèges. Ce qui se passe en dehors de manifestations c'est de la responsabilité des pouvoirs publics», a-t-il relevé, insistant sur le fait que les casseurs «sont en marge» des cortèges.
Le Président reprend ces menaces à son compte
François Hollande a lui annoncé mercredi en Conseil des ministres qu'il n'y aurait plus d'autorisation de manifester si la préservation des «biens et des personnes» ne pouvait être «garantie», a rapporté le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll.
«A un moment où la France accueille l'Euro, où elle fait face au terrorisme, il ne pourra plus y avoir d'autorisation de manifester si les conditions de la préservation des biens et des personnes et des biens publics ne sont pas garantis», a déclaré le chef de l'Etat selon Stéphane Le Foll, au lendemain de nouvelles violences lors d'une manifestation à Paris contre la loi travail.
Marine le Pen opposée à l'interdiction
La présidente du FN, Marine Le Pen, préfère elle «le maintien de l'ordre» à «l'interdiction des manifestations», a-t-elle déclaré mercredi en marge d'une visite au salon international de défense et de sécurité Eurosatory à Villepinte (Seine-Saint-Denis).
Interrogée par la presse sur la nécessité ou non d'interdire les manifestations, Mme Le Pen a répondu: «Il faut maintenir l'ordre [...] Interdire les manifestations c'est admettre qu'on est dans l'incapacité de maintenir l'ordre».
Manuel Valls enfonce le clou à l'Assemblée Nationale
Interrogé lors de la séance de question parlementaire, le Premier ministre a affirmé que les manifestations subissaient «un nombre décroissant de manifestants et très honnêtement, et vous le savez parfaitement, les chiffres avancés hier sont tout à fait ridicules par rapport à la réalité».
125.000», selon les autorités. A Paris, le cortège a rassemblé un million de personnes, selon les organisateurs, mais seulement 80.000 environ selon la préfecture de police.