France

Euro 2016 : quand SFR aide les autorités à traquer les supporteurs

Le géant des télécoms a fourni à la ville de Marseille une nouvelle technologie permettant de suivre le déplacement des supporteurs grâce à leurs mobiles. Une idée qui peut sembler intrusive mais qui a été validée par la CNIL.

«Cela va nous permettre d’avoir une photographie proactive des mouvements de population, et d’adapter nos moyens humains à la situation.» Jeudi, Caroline Pozmentier, adjointe au maire de Marseille chargée de la sécurité, présentait devant une audience intriguée son dernier jouet. La cité phocéen a acquis un outil permettant de cartographier les déplacements des fans venus assister à l’Euro 2016.

SFR «Geostatistics», du nom du logiciel, était à l’origine destiné à un usage interne. «A l’origine, il s’agit d’une innovation imaginée par SFR pour SFR qui devait servir à alimenter des besoins internes en études géomarketing», précise la société. Mais l’opérateur s’est très vite aperçu que sa trouvaille pourrait intéresser la police ou les collectivités. Quand on peut «modéliser les déplacements des individus», pourquoi s’en priver ?

Fabriquée pour le commerce

Comme les autres technologies de ce type, elle a été créée dans un but commercial. De par le réseau de SFR ainsi que ceux des opérateurs avec lesquels la firme a noué des partenariats, la branche business de l’entreprise recueille une quantité énorme de données. Analysées, elles permettent à SFR de peaufiner sa stratégie commerciale.

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Bien adapté, l’outil autorise son détenteur à suivre les déplacements des usagers. «Ses données statistiques fiables et riches permettent d’apporter des réponses aux problématiques difficilement adressables par les méthodes classiques d’enquête ou de comptage», explique l’opérateur.

La CNIL approuve

Quid de la légalité d’une méthode qui peut sembler fâcheuse question respect de la vie privée ? SFR se défend de toutes mauvaises intentions. Les données demeurent «anonymes» et la technologie a été contrôlée et validée par la Commission nationale informatique et libertés (CNIL).

Pour la ville de Marseille, le premier test sera d’envergure. Le logiciel sera mis en service samedi à l’occasion de la rencontre Angleterre-Russie qui se déroulera au stade Vélodrome. Un match à haut risque selon la police qui redoute des affrontements entre supporteurs.

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