France

Loi travail : les actions coup de poing se multiplient partout en France (PHOTOS, VIDEOS)

Barrages filtrants à la centrale de Flamanville, à la gare de Lorient, poste de haute tension occupé en Loire-Atlantique, des milliers de personnes à Paris, Marseille et Nantes, notamment, retour sur une nouvelle journée de mobilisation.

Des milliers d'opposants à la loi réformant le droit du travail ont de nouveau battu le pavé dans plusieurs villes, à l'appel de l'intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, Fidl, UNL). La journée avait commencé par de nombreux blocages et barrages filtrants : centrale de Flamanville, gare de Lorient, chantiers navals STX de Saint-Nazaire, usine Renault Cléon près de Rouen.

Certaines manifestations ont été marquées par des gardes à vue, notamment à Saint-Étienne, et un manifestant légèrement blessé à Nantes.

A Rennes, une charge policière, menée notamment par plusieurs véhicules, a fait plusieurs blessés qui ont dû être pris en charge par les pompiers.

Des témoignages ont également fait état de journalistes brutalisés à coup de matraque par les forces de l'ordre.

En fin de matinée, un groupe de grévistes a occupé brièvement un poste à haute tension (225 000 volts) en Loire-Atlantique, poste qui alimente la région de Saint-Nazaire. Près de 125 000 foyers ont été privés d'électricité pendant plus d'une heure et demie.

A Paris, des manifestants ont envahi le poste d'aiguillage à la gare de Lyon, empêchant tout départ durant une heure.

Sur un site de l'entreprise en produit chimiques Arkema, près de Lyon, entre 1 300 et 5 000 personnes ont manifesté en marge d'une visite du ministre de l’Économie, Emmanuel Macron.

A Marseille, des milliers de personnes s'étaient également rassemblées contre la loi travail.

A Toulouse, huit fonctionnaires ont été légèrement blessés lors d'une opération «de maintien de l'ordre» face à des manifestants contre la loi travail qui bloquaient la circulation, a-t-on appris auprès de sources policière et syndicale.

Dans les secteurs de l'énergie, la CGT a lancé un appel à la grève reconductible, tandis que la CFE-CGC-Energies et l'Unsa-Energies se sont jointes à la mobilisation jeudi. Des arrêts d'activité ont été votés dans 16 des 19 centrales nucléaires françaises, et des militants ont tenté de faire basculer dans la matinée plus d'un million de foyers en tarifs heures creuses en Ile-de-France, ainsi qu'à Lorient et près de Cherbourg.

Pour le symbole, des manifestants ont brièvement bloqué Radiall, l'entreprise du patron du Medef, Pierre Gattaz, dans l'Isère. Ce dernier avait créé la polémique en comparant certains militants CGT à des «terroristes». Un mot «inadapté», a-t-il ensuite reconnu.

A la SNCF, où les négociations d'entreprise sont dans leur phase finale, le trafic des trains était perturbé pour la deuxième journée consécutive. La grève, mêlant revendications propres aux cheminots et loi travail, a été reconduite pour vendredi. L'entreprise publique a recensé 15,2% de grévistes jeudi, contre 17% mercredi. Seulement 40% des Transiliens et RER circulaient en moyenne, le tiers des Intercités, la moitié des TER et six TGV sur dix.

Le trafic aérien était légèrement perturbé, notamment à Orly et Lille où Air France a annulé 10% des vols, en raison d'une grève des contrôleurs aériens à l'appel de la CGT-fonction publique contre «l'inacceptable» loi travail.

Manuel Valls, qui, tout comme François Hollande, enregistre de nouveaux records d'impopularité, a évoqué son «sentiment de gâchis» à propos de l'impact économique du conflit social, alors que les grèves persistent aussi dans les raffineries, dans les ports et docks, l'énergie ou encore le secteur du traitement des déchets. La ministre du Travail Myriam El Khomri a tenté d'appeler le secrétaire général de la CGT à engager des négociations.

«Un mouvement qui a autant la cote et la garde depuis trois mois, c'est exceptionnel», juge Philippe Martinez, dans une interview à L'Humanité dimanche parue jeudi 2 juin.

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