France

SOS médecins dit ne plus pouvoir intervenir dans certains quartiers marseillais

Alors que SOS Médecin déploie chaque jour 36 médecins dont deux femmes dans Marseille pour soigner des patients à domicile, l'association rencontre des difficultés à recruter et déplore les problèmes de sécurité dans certaines cités.

«Il y a des cités dans lesquelles on ne va plus parce que c'est trop dangereux pour les médecins. La Castellane par exemple. D'autres dans lesquelles on essaie de retourner. Mais le centre ville aussi n'est pas en reste !», explique Patrick Muller, directeur de SOS Médecins Marseille à l'AFP, déplorant la façon dont l'insécurité gangrène la capacité d'intervention de son association dans certains quartiers. 

«Dans les quartiers Nord, vous êtes contrôlés à l'entrée et à la sortie par des guetteurs. Ils font un contre-appel : ils appellent le patient pour savoir s'il nous a bien appelés, comme si nous seuls allions démanteler leur réseau de trafiquants...», déplore-t-il.

Les femmes médecins, victimes de l'insécurité

Si malgré ces difficultés, les équipes du docteur Muller sillonnent Marseille 24h/24, tous les jours de l'année, leur mission n'est pas de tout repos dans certaines zones, notamment pour les femmes, ce qui complique le recrutement.

Or selon le Docteur Muller, la difficulté de recrutement est directement liée à la forte féminisation du métier. «Nous sommes souvent amenés à aller seuls dans des endroits pas très sécurisés et donc pour les filles, à mon avis, c'est moins adapté. Imaginez une nana seule à 2 heures du matin dans une cité. Tout est dit. Ce n'est pas que Marseille, ce sont les grandes villes. Mais on reste tenants du titre. Avec Grenoble peut-être», regrette-t-il.

SOS Médecins a en effet ses particularités qui ajoutent une contrainte supplémentaire : «Contrairement aux ambulances, le médecin est seul de jour comme de nuit pour conduire, trouver le domicile, soigner le patient» explique Patrick Muller.

De fait, il n'y a que deux femmes parmi les 36 médecins de SOS Médecins à Marseille. «L'une va bientôt partir à la retraite, l'autre n'a qu'un peu plus de 30 ans mais elle est aussi sur le départ, entre autres suite à une agression, un samedi après-midi en plein centre ville. On lui a tout pris, la voiture, la sacoche. On lui a laissé juste son téléphone pour qu'on puisse venir la chercher», raconte Patrick Muller.

Considérée comme l'une des zones les plus criminogènes d'Europe en raison notamment de son taux très élevé de violence liée aux gangs et à leurs trafics de drogue, Marseille a vu mourir plus de 11 personnes depuis le début de l'année, suite à des règlements de compte.