France

Violents débordements en marge de la manifestation contre la «haine anti-flics» à Paris

Alors que des centaines de policiers se sont rassemblés le 18 mai à midi en France pour dénoncer la «haine anti-flics», une contre-manifestation dénonçant, elle, «l'impunité policière» a été émaillée de violents incidents.

Mercredi 18 mai

Le maire de Nice, Christian Estrosi, a lui aussi tenu à apporter son soutien à la police nationale, qui s'était rassemblée dans sa ville.

La foule qui dénonçait les violences subies par les policiers place de la République à Paris, se disperse peu à peu.

Le leader du parti Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, est venu apporter son soutien aux forces de l'ordre. Répondant à une interview, il a expliqué qu'il déplorait le laxisme à l'égard des casseurs et a proposé une peine de prison ferme pour chaque agression subie par les CRS.

Plus tôt dans la journée, il était venu apporter le petit-déjeuner aux policiers du XIe arrondissement de Paris.

Une Marseillaise a été entonnée place de la République à la manifestation contre la «haine anti-flics».

Eric Coquerel, du Parti de gauche, serait également présent place de la République à la manifestation de la police.

 

A la manifestation contre la «haine anti-flics» de Paris, où sont rassemblés quelques 2 000 personnes selon le chiffre qui circule sur les réseaux sociaux, une vidéo sur les violences subies par les forces de l'ordre a été diffusée.

Les manifestants agitent des drapeaux des principaux syndicats de police.

Du côté de la place de la République, où se poursuit le rassemblement des forces de l'ordre, les députés Front national (FN) Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard sont présents. 

Le député Les Républicains (LR) Eric Ciotti est lui aussi venu «exprimer son soutien et dire stop à la haine anti-flics», comme il l’a déclaré sur Twitter.

L'incendie de la voiture de police a été maîtrisé par les pompiers Quai de Valmy, à Paris, comme l'a constaté notre correspondant sur place.

Pour sa part, le président François Hollande a apporté en Conseil des ministres un «soutien très clair» aux forces de l’ordre qui manifestent place de la République pour dénoncer les violences à leur égard.

Sur place, l’ambiance est très calme. Elle contraste fortement avec les violents incidents qui émaillent la contre-manifestation.

En effet, les pompiers sont en train d’intervenir pour éteindre une voiture de police, incendiée par des contre-manifestants en colère.

Les forces de l’ordre restent mobilisées partout dans le pays. Les manifestations de policiers ne se déroulent pas seulement dans la capitale française, mais aussi DANS d’autres villes françaises partout dans le pays comme Nantes, Montpellier, Rennes, Clermont-Ferrand, Strasbourg ou Toulouse.

Les contre-manifestants en colère ont mis le feu à une voiture de police.

Les pompiers s'apprêtent à intervenir pour maîtriser le feu.

La tension montre entre les contre-manifestants et les forces de l’ordre, notre correspondant a signalé des jets de bouteilles et de projectiles. La manifestation a dépassé la place de la République et déborde dans les rues environnantes.

Alors que la contre-manifestation se poursuit à proximité de la place de la République, le rassemblement de policiers démarre dans le calme.

Les forces de l'ordre sont parvenues à repousser les participants au rassemblement, après quelques dizaines de minutes très tendues.

Les policiers ont notamment recouru à des gaz lacrymogènes pour disperser la foule.

Les participants à la contre-manifestation scandent «Urgence, la police assassine» et «Zyed et Bouna, on n'oublie pas», ainsi que «Tout le monde déteste la police».

Notre correspondant sur place a compté près de 80 contre-manifestants place de la République, en dépit de l'interdiction de leur rassemblement par la préfecture.

Les syndicats de police ont appelé les policiers, hors service et en civil, à des rassemblements dans une soixantaine de villes françaises. Le plus important a lieu sur la très symbolique place de la République à Paris, où se réunit chaque soir le mouvement citoyen Nuit Debout depuis le 31 mars.

Signe des tensions actuelles, des collectifs civils qui dénoncent les violences policières appellent aussi à manifester sur cette place emblématique de la capitale, juste avant le rassemblement organisé par les syndicats de police.

Ces syndicats disent répondre aux attentes de leurs collègues engagés dans le maintien de l'ordre depuis le début des manifestations, au cours desquelles plus de 350 membres des forces de l'ordre ont été blessés, selon les autorités. Onze d'entre eux l'ont encore été lors d'incidents qui ont émaillé la mobilisation du 17 mai, a affirmé le ministère de l'Intérieur.

Des accusations de «violences» ont été portées contre eux et des slogans tel que  «Tout le monde déteste la police» ont été entendus. Un jeune homme a perdu l'usage d'un œil après avoir été blessé par les forces de l'ordre, fin avril, à Rennes. Une trentaine d'enquêtes de la «police des polices» (IGPN) portant sur de présumées violences policières ont été ouvertes en France et plusieurs responsables politiques de gauche et syndicaux ont mis en cause le gouvernement dans sa gestion du maintien de l'ordre.

Ces évènements risqueraient d'écorner l'image des policiers, applaudis au lendemain des attentats de janvier 2015. Pour le moment, malgré les images de violences, 82% des Français ont toujours une bonne opinion de la police, une «image exceptionnelle» et conforme à celle dont elle avait bénéficié après les attaques djihadistes, selon un sondage Odoxa pour Le Parisien.

Les tensions se sont cristallisées autour d'affiches d'un syndicat de la CGT qui épinglent ces violences policières : outrés, les syndicats de police demandent au ministre de l'Intérieur de porter plainte. Ils nient toute violence et estiment que les policiers sont «usés» par l'état d'urgence instauré après les attentats du 13 novembre.

Des violences sans précédent

Ils en appellent au «soutien» de la population et du gouvernement auquel ils réclament de la «fermeté» face aux «casseurs», accusés de vouloir s'en prendre délibérément aux forces de l'ordre en marge des manifestions contre la loi El Khomri.

«Je n'ai jamais vu ça», a confié à l'AFP Arnaud, CRS depuis vingt ans. «Les casseurs arrivent par petits groupes, aussitôt rejoints par des dizaines d'autres», a-t-il détaillé avant de poursuivre : «Ils sont parfaitement organisés, ramassent tout ce qu'ils trouvent et nous canardent. Sans piller, pour casser et casser du flic.»

Les syndicats de police n'ont pas caché leur satisfaction après la mise en examen d'un lycéen, le 14 mai, mis en cause dans l'agression d'un policier à Nantes le 3 mai. Ils ont aussi salué la décision d'interdire la manifestation des militants antifascistes – même si la justice administrative a finalement suspendu plusieurs arrêtés préfectoraux le 17 mai.

Les responsables des syndicats de policiers estiment que l'état d'urgence permettrait de neutraliser les présumés «casseurs en les assignant à résidence». Ils veulent également éviter toute «récupération politique» des rassemblements, de nombreux hommes politiques ayant annoncé leur participation.

«Ils seront là comme citoyens, pour dire "On aime la police", pas plus», a assuré Jean-Claude Delage, le patron d'Alliance, premier syndicat de gardiens de la paix, à l'initiative de ce mouvement inédit.

Les casseurs qui agissent dans les manifestations contre la loi Travail, «ça suffit et ça ne pourra pas rester sans réponse», a prévenu François Hollande le 17 mai. Le chef de l'Etat a assuré que «toutes les consignes avaient été données», parmi lesquelles des interpellations ou des interdictions de manifester.

La contre-manifestation interdite par la préfecture

La préfecture de police de Paris a par ailleurs interdit la contre-manifestation du collectif «Urgence, notre police assassine» qui entendait se rassembler le 18 mai, place de la République, là où les syndicats de policiers appellent à manifester.

Ce collectif de lutte contre les violences policières appelait à une action peu avant le rassemblement des policiers, prévu à 12h00. 

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