La maire de Calais, Natacha Bouchart, a dénoncé cette semaine le jugement, rapporte La Voix du Nord. Elle s'est dit «indignée face à ce manque chronique de judiciarisation des fauteurs de trouble».
Les huit activistes du mouvement No Border, quatre femmes et quatre hommes âgés de 20 à 30 ans, ont comparu pour «dégradation ou détérioration du bien d'autrui en réunion» et «refus de se soumettre aux opérations de relevés signalétiques intégrés dans un fichier de la police». Le procureur avait requis deux mois avec sursis pour chacun des prévenus.
Des «irrégularités dans lesquelles se sont déroulées les interpellations»
La présidente du tribunal, Thérèse Willard, avait clos les débats en prononçant une procédure irrégulière. Lors de l'audience, l'une des avocates des huit jeunes, Me Marie-Hélène Calonne, a dénoncé les «irrégularités dans lesquelles se sont déroulées les interpellations» et «les conditions dans lesquelles ont été notifiées les gardes à vue».
«Les notifications des gardes à vue sont hallucinantes, si (les prévenus) ont gardé le silence c'est que les enquêteurs n'ont pas déterminé les langues qu'ils parlaient», a renchéri Me Jennifer Vasseur, autre avocate des huit prévenus, parmi lesquels trois Suisses, une Belge, trois Français et une Anglaise.
«Entrer dans un immeuble désaffecté ne constitue pas une infraction»
«Nous n'étions pas dans une situation de flagrance et le fait d'entrer dans un immeuble désaffecté ne constitue pas une infraction», a argumenté pour sa part Me Arnaud Leroy, troisième avocats des activistes.
Cette interpellation s'est effectuée alors que le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve venait de s'engager s'engager à ce qu’il n’y ait plus aucun squat en centre-ville, en contrepartie de l’ouverture du centre d’accueil de jour Jules-Ferry pour les migrants. Depuis aucun squat n'avait été ouvert. L’avocate des activistes, Me Calonne, a menacé de «poursuivre les autorités de police» si le cas de figure se reproduisait.
Près de 3 500 migrants sont toujours à Calais, selon des chiffres de la préfecture fin mars, dont 1 850 dans des structures mises en place par l’État et 1 650 dans la «jungle» qui doit être totalement évacuée courant 2016.