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«Panama Papers» : Les banques résisteront-elles à la vague de colère ?

Le scandale provoqué par les révélations de l’affaire «Panama Papers» touche les établissements bancaires. En France, la Société générale est en première ligne. Plusieurs personnalités réclament des sanctions.

979 sociétés offshore. La Société générale, l'une des plus grandes banques françaises, est sérieusement impliquée dans le scandale «Panama Papers». De quoi relancer les critiques. Jean-Luc Mélenchon veut un «châtiment». Eva Joly dégaine la pétition. Pendant ce temps, le président François Hollande promet «des poursuites».

Mélenchon fait… du Mélenchon

«Des menteurs qui ont triché avec le fisc. Cette fois-ci, il nous faut un châtiment. Il nous faut qu'un puissant, que quelqu'un de très important soit sanctionné», a tonné le candidat du Front de gauche à la présidentielle. Au micro de France Info, le co-fondateur du parti était encore plus énervé qu’à l'accoutumée. «La Société générale doit être mise sous tutelle, la loi le permet. Ses dirigeants sont des menteurs, ils ont trompé les Français, menti à des parlementaires, triché avec le fisc, ils doivent être châtiés», a-t-il ajouté.

Avant d’enchaîner : «La Société générale, avec ses 1 000 sociétés offshore, est une espèce d'industrie de la triche, de la fraude et de la combine. Et dès lors que son PDG ment ouvertement devant des parlementaires et sous serment, on est en droit de dire qu'on ne peut plus avoir confiance en elle.»

Le sénateur communiste Eric Bouquet a annoncé que son groupe souhaitait saisir le bureau du Sénat. Ils veulent que Frédéric Oudéa, directeur général de la Société générale, soit poursuivi en justice pour faux témoignage.

Jean-Luc Mélenchon a fait référence à Jérôme Kerviel : «Et on doit s'étonner de savoir comment ils ont pu mentir aussi longtemps sans que l'administration centrale de l'Etat, à Bercy, n'ait rien à dire, et notamment n'ait jamais posé aucune question pour que la Société générale prouve qu'elle a bien été volée par Jerome Kerviel, ce qu'elle n'a jamais fait».

Cela tombe bien, l’ex-trader de la banque rouge et noire a proposé ses services aux ONG. Il veut mettre ses compétences à disposition pour «les aider à décrypter ce système d’évasion fiscale».

Eva Joly fait appel aux internautes avec une pétition en ligne

«Le temps du secret, celui du verrou de Bercy, des régulations européennes frileuses et de l'impunité des banques et des intermédiaires doit prendre fin», a déclaré solennellement l'ancien juge, Eva Joly. L’ancienne magistrate du pôle financier et ex-candidate à la présidentielle voit dans le scandale des «Panama Papers» l’occasion de redonner un second souffle au combat de toute une vie. Elle a lancé, avec plusieurs eurodéputés allemands, britanniques ou espagnols, une pétition qui exige la levée du secret fiscal et des sanctions contre les banques.

Une démarche qui a pour but de «créer un nouveau rapport de force». Celle qui a accédé à la célébrité pour son rôle dans l’affaire Elf demande la constitution d'une équipe pour enquêter «exclusivement» sur le scandale soulevé par les «Panama Papers». Une «task force» qui serait composée de «gendarmes, de policiers, de juges d'instructions».

Eva Joly en a profité pour s’en prendre au gouvernement qu’elle accuse de ne pas s’attaquer sérieusement à l’évasion fiscale : «Leur rhétorique est excellente, ils ont un bon service de communication. Mais on voit bien qu'ils sont contre la transparence.»

La fraude fiscale est estimée par la Commission européenne à 1 000 milliards d'euros par an pour le seul continent européen. De quoi combler «en un an» le déficit public du Vieux Continent selon l’eurodéputée. La France est 24e au classement de l'ONG Transparency International.

Mais que Jean-Luc Mélenchon, Eva Joly est les autres se rassurent. Le 7 avril , François Hollande a fait preuve de fermeté : «Les sociétés en Europe qui se livrent à ces agissements [...] seront poursuivies.»

Il semble que l'Autorité jurisprudentielle et de résolution (ACPR), organe de contrôle des banques, veuille sévir. Elle aurait notamment demandé aux établissements bancaires de l'Hexagone de mettre à disposition les rapports sur leurs activités dans les paradis fiscaux. 

De son côté, la Société générale a annoncé porter plainte pour diffamation contre Jean-Luc Mélenchon, Jérôme Kerviel et son avocat, David Koubbi. «Panama Papers» n'a pas fini de faire parler.