France

Après avoir retrouvé deux têtes de porc devant chez lui, l'ambassadeur du Maroc porte plainte

Deux têtes de porc ont été retrouvées accrochées à l’entrée de la résidence de l’Ambassadeur du Maroc. Une enquête a été ouverte pour tenter d'identifier les responsables.

Deux têtes de porc ont été découvertes jeudi matin sur la grille de la résidence de l’ambassadeur du Maroc en France, Chakib Benmoussa, située à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), a révélé Le Parisien.

L’ambassade a déposé une plainte contre X. Les têtes ont été retirées par le personnel dans la matinée. «Nous ne voulons pas donner d’interprétation à ce geste, c’est aux autorités de faire leur enquête», a commenté l’ambassade.

Ambiance nauséabonde

«Je crois que c’est clairement une provocation, c’est un acte absolument haineux [...] malheureusement c’est un acte qui s’inscrit dans un phénomène rampant d’anti-islamisme en France et en Europe», s'est emportée Cécile Le Roux, consultante politique interviewée par RT France.

Plusieurs mosquées ont en effet également fait l’objet de profanations à la tête de porc ces dernières années, notamment à Montauban, Besançon, Liévin ou dans la banlieue de Dijon. 

Anouar Kbibech, président du Conseil français du culte musulman (CFCM) et du Rassemblement des musulmans de France (RMF), fédération de mosquées liée au Maroc, a dénoncé auprès de l'AFP «une ambiance malsaine, où les musulmans font l'objet d'actes de stigmatisation». 

«Le fait de s'en prendre à la résidence de l'ambassadeur démontre qu'une étape supplémentaire dans la provocation a été franchie. Cette nouvelle profanation vise la représentation diplomatique d'un pays ami de la France, engagé au même titre dans la prévention de la radicalisation et la lutte contre le terrorisme», a-t-il commenté, en exprimant «son soutien à l'ambassadeur à la suite de cette provocation insupportable».

Des relations diplomatiques tendues

Cet incident intervient alors que la France et le Maroc commencent tout juste à retrouver des relations diplomatiques apaisées après de longs mois de disputes causés par plusieurs dossiers. 

Cette brouille entre la France de Hollande et le Maroc de Mohammed VI avait commencé en février 2014, lorsqu’un juge français avait fait délivrer à la résidence de l’ambassadeur du Maroc à Paris (Neuilly) une convocation visant le chef du renseignement du royaume, Abdellatif Hammouchi, qui se trouvait alors en France. L’homme était mis en cause dans une plainte pour complicité de torture déposée devant la justice française. Or les Marocains ont vécu la convocation par le juge visant l’un de leurs principaux responsables comme une gifle à leur souveraineté. Ils ont immédiatement suspendu leur coopération judiciaire avec Paris, réclamant une remise à plat du cadre de leur coopération.

Tout au long de l’année 2014, les incidents diplomatiques se sont multipliés, alimentant l’agacement des autorités marocaines. Parmi ces couacs, une fouille policière injustifiée du ministre Mezouar à l’aéroport parisien de Roissy et une saillie de très mauvais goût prêtée à un diplomate français de haut rang, comparant le Maroc à une maîtresse «dont on n’est pas particulièrement amoureux, mais qu’on doit défendre». L’auteur de cette formule a, depuis, démenti avoir tenu de tels propos mais le mal était fait !

Mais si l’on en croit Pierre Vermeren, cité par RFI, la véritable cause de la dégradation des relations entre les deux pays serait à chercher ailleurs que dans les seuls incidents diplomatiques. En effet le Maroc vit très mal, explique l’historien, «le rééquilibrage des relations de la France avec l’Algérie à l’œuvre depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande. Le tropisme pro-algérien du président français est très mal vécu à Rabat qui y voit la fin du soutien de la France à la poursuite du contrôle marocain du Sahara occidental».