Situé quai Branly, dans l'ancien siège de Météo France et à deux pas de la tour Eiffel, l'édifice comprends un centre paroissial (avec bureaux et appartements meublés), une école primaire franco-russe, un centre culturel comprenant une librairie, des salles d’exposition et un café.
L’opération, chapeautée par Bouygues Construction, a pris toute la matinée. L'avenue Rapp a été fermée à la circulation pour l'occasion ce vendredi 18 et ce samedi 19 mars, de la place de la Résistance à la rue de l’Université.
Car ce weekend, en présence du vice-Premier ministre russe, il s’agit de débuter la pose des cinq dômes prévus sur le toit de la future église. Construits par Multiplast, une entreprise vannetaise, et acheminés par convoi exceptionnel à Paris, ces dômes seront constitués de vingt pétales dorés.
Pourtant ce samedi, seul le dôme central a été mis en place. Jean-Michel Wilmotte, l’architecte du projet, en parle comme «un phare urbain dans le paysage parisien». Lourd de neuf tonnes, il fait en effet 12 mètres de haut et 11 mètres de diamètre.
Depuis 2009, le terrain de 4200 m² est propriété du Kremlin, qui a entrepris d’y construire un centre spirituel et culturel orthodoxe. Mis en vente par l'Etat, la Russie avait été la première à revendiquer ce terrain, devançant le Canada et l’Arabie Saoudite. Le gouvernement russe aurait déboursé la somme de 170 millions d’euros pour faire aboutir ce projet.
Pour les auteurs du projet, parmi les principaux avantages du futur centre, on trouve une intégration harmonieuse du nouvel ensemble architectural dans l'environnement urbain existant, tout en restant soumis aux exigences des monuments historiques, ainsi que la fonctionnalité et de la facilité d'utilisation de bâtiments qui répondent aux normes environnementales élevées.
L'église de la Sainte Trinité combine les traditions de l'architecture orthodoxe russe avec des éléments d'architecture moderne, ce qui se manifeste en particulier par le choix des matériaux - la pierre de Bourgogne classique, avec laquelle est construit la plupart des bâtiments de Paris, et des matériaux composites modernes qui composent les dômes. Le Patriarche de Moscou et de toute la Russie Cyrille, a participé de manière directe au développement du projet qui a été également approuvé par les présidents russe et français.
Le chemin a néanmoins été semé d'embuches pour en arriver jusque là. L'ancien maire de Paris, Bertrand Delanoë, ne portant pas le projet dans son coeur - il a qualifié son architecture de «parodie» - aurait tenté d’empêcher la délivrance d'un permis de construire explique le site d'architecture le Courrier de l'architecte. Le projet aurait aussi coincé sur le plan architectural : la première esquisse de l’architecte espagnol d’origine russe Manuel Nunez Yanowski, qui prévoyait une immense canopée de verre, avait rencontré la nette opposition de Bertrand Delanoë.
En outre, le projet aurait également posé quelques contraintes sur le plan sécuritaire. Les services du renseignement français auraient ainsi obtenu que des systèmes de brouillages soient déployés sur la zone.
Pourtant, le destin du futur centre orthodoxe russe à Paris aurait été scellé dès 2007, lorsque le président Nicolas Sarkozy, fraîchement élu à l’époque, avait rencontré le Patriarche Alexis II (décédé en décembre 2008). Ce dernier avait convaincu le président français de la nécessité de construire un grand centre religieux russe à Paris, le seul lieu de culte orthodoxe russe d’envergure étant la cathédrale Alexandre Nevski dans le 8ème arrondissement.
Pour Moscou, il s'agit surtout de favoriser le rayonnement de la Russie comme un acteur majeur dans le paysage orthodoxe français, qui compte environ 500 000 fidèles.