Si le gouvernement se dit désormais confiant d'avoir une majorité pour son projet, les opposants à cette réforme du code du travail entendent maintenir la pression, à peine plus d'un an avant la présidentielle.
«L'enjeu c'est de massifier la mobilisation côté jeunes, aussi bien en AG (Assemblées générales) que dans la rue, avant de rejoindre les salariés le 31 mars», a expliqué à l'AFP William Martinet, le président de l'Unef, premier syndicat étudiant.
Il dit attendre au moins le même nombre de jeunes dans les rues que le 9 mars, lorsque 100 000 d'entre eux avaient défilé partout en France aux côtés de 400 000 salariés, selon les chiffres de l'Unef. Les autorités, elles, avaient comptabilisé 224 000 personnes au total.
A Paris, le cortège partira à 13H30 de la place de la République pour rallier la place d'Italie, en passant par Bastille.
«On a besoin d'un retrait pour avoir des discussions sereines», a souligné le président de l'Unef jeudi matin sur France 2, s'indignant de la fermeture administrative de deux sites universitaires, à Paris-I et Bordeaux, «afin que les AG ne puissent pas se tenir» selon lui. «Ce n'est pas acceptable».
La version revue et corrigée du projet présentée lundi par le Premier ministre Manuel Valls n'a pas eu raison de la colère de toutes les organisations de jeunesse, mais la Fage a jugé, elle, qu'elle permettait «la poursuite du dialogue», et n'appelle pas à la mobilisation.
Un point en particulier a convaincu le deuxième syndicat étudiant : la garantie jeunes, un dispositif d'accompagnement renforcé vers l'emploi, qui va devenir un droit pour tous les jeunes sans emploi ni formation.
Mais, pour les contestataires comme l'Unef, «l'universalité» de cette mesure «reste un mot creux» car la mettre réellement en oeuvre pour les 900 000 jeunes concernés coûterait de 4 à 5 milliards d'euros, qui ne sont pas budgétés, selon William Martinet.
Mardi, 22 organisations de jeunesse ont réclamé «le retrait sans condition de ce projet de loi régressif» et ont promis une mobilisation sur le long terme, notamment avec une journée d'action le 31 mars, date prévue pour la nouvelle journée de grève contre ce texte.
«La manifestation, c'est le geste le plus visible», explique Naïm Shili, le vice-président de l'UNL, qui s'attend également à des blocages d'établissements. Ce syndicat lycéen suggère l'organisation d'assemblées générales le matin devant les lycées, «pour expliquer les raisons du mouvement».
Les barrages mis en place dans les établissements seront «filtrants», explique Pierre Monquet, vice-président du SGL, un autre syndicat lycéen. «Ceux qui veulent aller en cours peuvent y aller et nous négocions avec les directions afin que les grévistes ne soient pas notés comme absents».
Du côté des professeurs, l'intersyndicale opposée à la réforme du collège a elle aussi appelé à «rejoindre les manifestations et initiatives» prises par les jeunes «pour le retrait de la loi El Khomri».
L'intersyndicale, où figure le Snes, premier syndicat dans le secondaire, entend réitérer son opposition totale à la réforme du collège, portée par la ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem.
Pendant sa campagne, le candidat François Hollande avait promis de faire de la jeunesse une priorité de son quinquennat. Une promesse que lui rappellent à l'envi les organisations de jeunes. Le projet de loi sera présenté en Conseil des ministres le 24 mars, et le gouvernement espère faire passer le texte d'ici l'été.
La jeunesse dans la rue, l'épouvantail du pouvoir. Le souvenir du Contrat première embauche (CPE) - censé aider à combattre le chômage des jeunes - n'est pas si loin : en 2006, sous la droite, le gouvernement Villepin avait dû plier face à la fronde.