«Vous êtes les pantins de l'Europe», ou encore «Vas te cacher. T'as rien compris petit zizi, tu vas pas changer l'Europe», ont notamment lancé certains éleveurs au Premier ministre. Cette visite intervient après celle de François Hollande, le 27 février dernier, au cours de laquelle le président français avait rencontré l'hostilité des agriculteurs.
Manuel Valls a aussi essuyé quelques huées et quolibets d'éleveurs désabusés dans la partie du Salon consacrée aux vaches laitières, après être arrivé bien avant l'ouverture aux visiteurs et entouré d'un imposant service d'ordre.
Cette visite intervient alors qu'un militant de la CGT a été condamné par le tribunal de Mulhouse à 250 euros d'amende et 500 euros avec sursis pour outrages envers les forces de l'ordre et au Premier ministre à l'occasion d'une manifestation qui s'est déroulée le 22 février à Mulhouse. Les agriculteurs mécontents étaient prévenus.
«Une prise de conscience de la gravité de la crise»
Le Premier ministre a indiqué qu'après la visite, la semaine passée, du commissaire européen Phil Hogan, il y avait à Bruxelles aussi, «une prise de conscience de la gravité de la crise». Les éleveurs attendent «des prix rémunérateurs», il faut que le lait soit payé par les laiteries au minimum 350 euros la tonne (35 centimes le litre contre 30, voire parfois 27 actuellement), et «pour bien réinvestir, il faudrait avoisiner les 400 euros», a expliqué José Baechler, un éleveur du Lot-et-Garonne.
Cette visite a lieu quelques heures avant la fin officielle des négociations commerciales, le 1er mars à minuit, entre les industriels et la grande distribution (GMS), accusée de tirer les prix vers le bas et d'entraîner les agriculteurs dans cette spirale infernale. Depuis une dizaine de jours, les principaux acteurs de ces négociations, industriels de l'agroalimentaire et responsables agricoles, se relaient pour dénoncer des «négociations plus dures que jamais» avec les représentants des GMS, qui prennent parfois l'allure d'une «garde à vue» selon un industriel qui s'exprime sous le couvert de l'anonymat.
«Nous avons appelé les enseignes de la grande distribution à faire preuve de solidarité en ne baissant pas les prix lors des négociations commerciales pour 2016», prévenait la semaine dernière Manuel Valls. Le 27 février, le président Hollande a enfoncé le clou, affirmant que l'Etat devait «faire pression sur les distributeurs pour une vraie reconnaissance du travail de l'agriculteur».
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