France

Calais : Près de 1 000 migrants sommés de quitter le secteur sud de la Jungle

Le 20 février, la préfecture du Pas-de-Calais a ordonné l'évacuation de la zone sud du campement. Ses résidents ont jusqu'au 23 février pour évacuer les lieux. Le non-respect de ce délai entraînera une intervention des forces de l'ordre.

Cafés, églises et mosquées de fortune seront tous rasés dans le cadre d'une opération de nettoyage du camp situé à proximité de l'autoroute qui mène vers le port, théâtre par le passé de nombreux affrontements avec la police. Le préfet, Fabienne Buccio, précise que la superficie de la zone évacuée représente «à peu près la moitié de la jungle» dans laquelle vivent entre 800 et 1 000 migrants.

«Je crois qu'il est temps de dire à ces migrants qui vivent dans des conditions indignes, que l'on a des solutions pour eux, il n'y a plus de raison de vivre dans ces conditions. On va accentuer nos maraudes, pour les mettre en condition de quitter ce lieu qui n'est pas digne pour eux et donne une image de Calais qui n'est pas digne non plus, Calais mérite mieux. Si dans une semaine, rien n'a changé, on passera à l'étape d'après que je souhaite ne pas avoir à affronter mais je le ferai s'il le faut. Je prendrai un arrêté d'expulsion», a-t-elle déclaré sur les ondes de France Bleue Nord.

Seul ombre au tableau, les migrants majoritairement syriens et irakiens ont déjà fait savoir qu'ils allaient résister à l'opération de démantèlement et cela malgré leurs conditions de vie précaires. Pour leur part, huit associations opérant dans le camp, dont Médecins du Monde, ont averti que les logements de remplacement mis à disposition des migrants n'étaient pas adaptés. Dans une lettre de protestation envoyée au ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, l'association explique qu'ils sont «très loin de répondre aux besoins et aux problèmes rencontrés». Le ministre a répondu par courrier que «cette évacuation devait être menée à bien, mais de façon progressive et dans le respect des personnes». Pascal Froehly, bénévole au sein de l'organisation humanitaire Caritas, affirme que l’installation de conteneurs chauffés dans une autre partie du camp ne donne aucune chance aux enfants de se socialiser.

Environ 4 000 migrants vivent actuellement dans la jungle, dont beaucoup conservent l'espoir de pouvoir se rendre en Grande-Bretagne. Un recensement effectué par l'organisme de bienfaisance a dénombré 440 enfants vivant dans cette section particulière du camp, dont 291 s'y trouvent sans leurs parents. 

La jungle de Calais compte entre 4 000 et 6 000 réfugiés selon les chiffres de la préfecture et des associations sur place. Début février, une manifestation anti-migrants interdite car organisée par Pegida avait vu l'arrestation du général Piquemal et de plusieurs autres participants. La tension autour du problème des migrants à Calais est de plus en plus forte et les autorités semblent désemparées face à cette problématique. Pour rappel, Nicolas Sarkozy avait en 2002 décidé de fermer l'ancien centre de Sangatte, fermeture qui avait donné naissance par la suite à la Jungle de Calais.