France

Florian Philippot exclut tout abandon de la sortie de l’euro

Le vice-président du Front national a répondu aux récentes interrogations autour de la véritable volonté de son parti de quitter la zone euro. Pour lui, aucune hésitation ne serait tolérée.

C’est l’un des marqueurs les plus forts du parti de Marine Le Pen. Le Front national est l’un des rares partis politiques français à proposer la sortie de l’euro, le seul en position de l’emporter en 2017. C’est ce qu’a tenu à rappeler son vice-président, Florian Philippot. Interrogé sur le plateau d’iTELE mercredi, il a exclu «l'hypothèse» de retirer «la sortie de l'euro» du programme du parti, qui ne serait alors «plus le Front national». Mais pourquoi cette mise au point ? Parce qu’à deux jours de l’ouverture d’un séminaire stratégique orienté vers 2017, un certain flou règne au sein du parti souverainiste sur le sujet.

Une équation difficile

Fin janvier, le nouveau secrétaire général adjoint, Jean-Lin Lacapelle, lâchait une petite bombe dans l’hebdomadaire Minute : «Nous devons réfléchir pour voir si l'on peut préserver l'euro et le faire évoluer ou s'il faut changer de monnaie, c'est-à-dire revenir au franc.» Une saillie qui n’avait pas manqué de faire réagir dans les couloirs du siège de Nanterre. Jean-Lin Lacapelle avait d’ailleurs atténué son discours par la suite : «Il y a eu une interprétation exagérée de mes propos.» Avant de remettre une couche de nuance : «Supprimer l'euro, c'est le bon chemin, mais il ne faut pas le faire subitement et brutalement.» Des propos qui font écho à ceux du vice-président et compagnon de Marine Le Pen, Louis Aliot. Dans un entretien donné récemment au Figaro, il maintient l’objectif de quitter la monnaie unique tout «en se donnant un laps de temps, une négociation, la présentation d'un projet et, in fine, une ratification par le biais d'un référendum populaire».

Difficile de ne pas voir dans ces récentes prises de positions une volonté de rassurer un certain électorat. Celui la même que le FN se doit de convaincre pour finalement percer «le plafond de verre» et vaincre le «front républicain». Notamment les seniors, chez qui le parti souverainiste sous-performe. Un électorat qui peut se sentir inquiet face à une éventuelle sortie de l’euro. D’un autre côté, reculer sur cette question risquerait de faire fuir une partie de l’électorat qui souhaite ardemment que la France retrouve la maîtrise de sa monnaie. «L'idée, c'est de voir si on sort de l'euro de manière radicale et brutale comme on l'a dit en 2012. Ou si on revient à un système comme celui qui était en vigueur du temps de l'écu, entre 1999 et 2002 : chaque pays européen garde sa monnaie nationale, tout en ayant une monnaie commune dans l'espace européen et pour les échanges internationaux» analyse Bernard Monot, stratégiste économique du Front national.

Comment aller chercher les voix qui manquent tout conservant les électeurs déjà acquis ? Une question qui occupera sûrement une partie des discussions lors du prochain séminaire stratégique.

Florian Philippot siffle la fin de la récréation

Reste que ces interrogations stratégiques ne sont pas du goût du numéro 2 du parti. S'il était «décidé que la sortie de l'euro n'est pas dans le programme» du Front national à l'issue du séminaire, Florian Philippot a répondu catégoriquement: «Non seulement je ne reste pas, mais personne ne reste au Front national.» «Et le Front national n'est plus le Front national, donc cette hypothèse est exclue», a-t-il renchéri.

L’admirateur de Charles de Gaulle a rappelé qu’il croyait en la «souveraineté nationale» et «économique». Il se dit «convaincu qu'un pays qui n'a pas la maîtrise de ses frontières, de son budget, de sa monnaie, de sa diplomatie, qui ne peut pas faire du patriotisme économique alimentaire, agricole, ne peut pas s'en sortir».

Le séminaire stratégique du Front national se déroulera de vendredi à dimanche à Etiolles dans l’Essonne. Il devra tracer la route jusqu’en 2017. Reste à savoir si elle mènera à la sortie de l’euro… ou pas.