A Paris, malgré la météo particulièrement maussade, des milliers de manifestants (5 500 selon la police et 20 000 selon les organisateurs) se sont joints à un cortège qui a démarré symboliquement à la place de la République, pour ensuite traverser Paris et rejoindre le Palais Royal.
Le rassemblement était organisé à l'initiative de divers partis politiques (Parti communiste français, Parti de gauche, Europe Ecologie Les Verts), de syndicats tels que la CGT ou d'organisations non-gouvernementales telles que ATTAC, le MRAP ou Solidaire. Dans le cortège, les slogans visaient particulièrement la mise en place de l'état d'urgence par le gouvernement de François Hollande.
On pouvait ainsi entendre des slogans comme «Valls, Hollande, levez l’état d’urgence», ou encore «Etat d’urgence, Etat policier». D'autre pancartes s'en prenaient elles à la mesure de déchéance de nationalité prônée par le Premier ministre français Manuel Valls.
Outre le défilé parisien, des manifestations ont lieu lieu dans les principales villes de France, à l'appel des collectifs «Nous ne céderons pas» et «Stop état d'urgence», qui regroupent notamment des syndicats (CGT, FSU, Syndicat de la magistrature), des associations (Attac, Droit au logement, Droits devant, MRAP) et des organisations de défense des droits de l'homme (FIDH).
Ces organisations demandent la levée immédiate de l'état d'urgence, instauré après les attentats de novembre 2015, et l'abandon du projet de déchéance de nationalité pour les personnes condamnées pour des activités terroristes.
«Ces mesures heurtent et mettent à mal nos libertés au nom d'une hypothétique sécurité», selon un communiqué des collectifs. C'est sur ce «désaccord politique majeur» que la garde des Sceaux Christiane Taubira a démissionné mercredi.
Annoncé dès le soir des attentats du 13 novembre qui ont fait 130 morts et plusieurs centaines de blessés, l'état d'urgence avait été prolongé à une écrasante majorité pour trois mois le 26 novembre par le Parlement.
Sa nouvelle prolongation, jusqu'à fin mai, qui sera débattue et votée le 9 février au Sénat, puis le 16 février à l'Assemblée nationale, est plus controversée. Différents partis, notamment de gauche, et des associations de défense des droits de l'homme et des libertés publiques, s’inquiètent du risque de pérennisation de ce régime d'exception.
La révision de la Constitution exigera, pour être adoptée définitivement, un vote sur la même version dans les deux chambres et une majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés au Congrès.
Le gouvernement présentera mercredi en conseil des ministres un projet pour prolonger de trois mois supplémentaires l'état d'urgence, qui devait originellement prendre fin le 26 février.