Le constat du rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre, pour le logement des défavorisés, est sans appel. Avec quelques 500 décès chaque année, «la sixième puissance du monde ne peut pas laisser crever autant de personnes à la rue comme cela se passe encore aujourd'hui», dénonce Christophe Robert, délégué général de l'association. En effet, entre 2001 et 2012, le nombre de sans-domiciles a doublé en France, atteignant 141 500 personnes, qui se retrouvent soit à la rue, à l’hôtel ou dans un abri de fortune.
Quant aux personnes «mal-logées», c’est-à-dire soit privées de logement personnel, soit habitant dans des conditions précaires, leur chiffre atteint 3,8 millions. Selon Christophe Robert, il y a donc clairement «une aggravation du mal-logement qui touche avant tout les classes populaires».
Parmi ceux-ci, quelques 643 000 personnes sont contraintes d’habiter chez d’autres. La plupart du temps, cette situation se traduit par des individus qui sont soit forcés de rester chez leurs parents, soit forcés d'y retourner. Dans 24% des cas, la personne est hébergée par un tiers sans aucun lien de parenté.
Sur les 2,9 millions vivant dans des conditions très difficiles, 210 000 sont privés d’infrastructures de base, telles que toilettes, douches, ou encore eau courante.
Basé sur les données de l’enquête nationale logement (Enl) de 2013, réalisée par l’institut de statistique Insee, le rapport décrit une France «malade du mal-logement». En effet, outre les chiffres précédents, de nombreuses autres habitations démontrent des problèmes importants tels qu’une absence de chauffage, de coin cuisine, ou encore des problèmes d’isolation thermiques.
La Fondation Abbé Pierre souligne en outre que certains objectifs annoncés par le gouvernement de François Hollande, comme la construction de 500 000 logements par an, dont 150 000 logements sociaux, «sont bien loin d'être atteints».