Les commerces de Calais ne veulent pas mourir. C’est en tout cas le message qu'ont envoyé les habitants de la ville du Nord-Pas-de-Calais aux autorités, le 24 janvier. Au total, quelques 2 000 personnes ont défilé dans les rues de la ville à l’appel de commerçants et professionnels du port venus «soutenir les emplois».
En tête de la manifestation avait été déployée une grande bannière «Mon port est beau, ma ville est belle – soutenir notre ville, notre port, nos commerces et nos emplois» sans slogan ni signe politique distinctif. Ce collectif des commerçants calaisiens, qui regroupe une centaine d’acteurs économique locaux, a réitéré sa demande, formulée mi-décembre, de l'introduction d'un moratoire sur les taxes dont les commerçants du Calaisis doivent s'acquitter en raison d'«une forte baisse de l'activité», due selon lui à la crise migratoire. «Cela permettrait de maintenir les emplois et compenser les baisses de chiffres d'affaires», explique le collectif.
La région est en effet directement impactée économiquement par la présence de nombreux migrants. Dans la restauration par exemple, «la baisse en un an est de 30% à 40%», estime le collectif de commerçants. Calais et sa fameuse «Jungle» constituent en effet, depuis plusieurs années, le point de rassemblement de migrants et de réfugiés venus du monde entier qui entendent se rendre en Angleterre.
Cette manifestation, très calme – aucun slogan n’a été prononcé durant la manifestation – intervenait au lendemain d’une autre manifestation, bien plus agitée, elle. Le 23 janvier en effet, une autre marche organisée par des collectifs de soutien aux migrants et qui avait réuni 2 000 personnes, avait été ponctuée par l'intrusion d'une quarantaine de migrants sur un ferry britannique dans le port de Calais. Une statue du général De Gaulle avait aussi été dégradée, entraînant une vague de critiques de la part du monde politique. Quinze personnes étaient en garde à vue le 24 janvier à la mi-journée, selon le ministère de l'Intérieur.
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La maire de Calais, Natacha Bouchart, qui a participé à cette marche, est revenue sur cette manifestation, estimant que «ce qu’il s’est passé hier est un échec du gouvernement». Elle a aussi estimé que «dans le Calaisis, l’état d’urgence n’existe pas». Dénonçant la situation à Calais, celle qui a demandé l’intervention de l’armée a plusieurs reprises a demandé «solennellement au président Hollande de venir sur place à Calais pour régler les problèmes liés au camp», qui, faut-il le rappeler, permet à 4 000 migrants de survivre.
Si le président n’est pas annoncé, Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, devrait se rendre sur place «cette semaine», a affirmé Xavier Bertrand, président Les Républicains (LR) de la région Nord-pas-de-Calais-Picardie. Natacha Bouchart, elle, sera reçue le 3 février à Paris par Bernard Cazeneuve, accompagné de la garde des Sceaux, Christiane Taubira.