France

France : la Cour des comptes alerte sur les conséquences du vieillissement de la population

Dans un rapport publié le 2 décembre, la Cour des comptes met en garde contre les effets conjugués du déclin démographique et du vieillissement sur les finances publiques françaises. L’institution s’inquiète de la baisse de la natalité, de la réduction de la population active et de la hausse des dépenses sociales.

Un document de la Cour des comptes, présenté le 2 décembre comme une « vision » prospective par son président Pierre Moscovici, souligne l’urgence d’anticiper les défis posés par le vieillissement accéléré de la population et la chute de la fécondité. Selon les sages de la rue Cambon, la tendance pourrait aggraver les déficits publics sans mesures adaptées.

Une bombe démographique sous-estimée

La France fait face à un basculement démographique majeur : l’indice de fécondité est tombé à 1,62 enfant par femme en 2024, rendant le solde naturel négatif pour la première fois. La natalité avait, elle, baissé de 2,2 % au premier semestre 2025.

La part des plus de 65 ans a grimpé de 16,3 % en 2005 à 21,8 % en 2024, et pourrait atteindre 28,9 % en 2070. Conséquence : la population en âge de travailler (20-64 ans) diminuerait de 38 à 34,6 millions d’ici là, ne représentant plus que 50 % de la population totale. Cela pèsera sur la croissance, avec une baisse de la productivité et des recettes fiscales et sociales qui reposent essentiellement sur les actifs.

Les dépenses publiques pourraient monter à 60,8 % du PIB en 2070, contre 57 % aujourd’hui, malgré la baisse des dépenses d’éducation et de politiques familiales due au recul de la natalité. La Cour relève une « passivité » des pouvoirs publics : les enjeux démographiques ne représentent que 0,05 % des occurrences dans les lois de programmation des finances publiques de 2014 à 2027, en dépit d’effets d’annonce du président Macron sur le « réarmement démographique ».

Pierre Moscovici évoque un « éléphant dans la pièce », regrettant le manque d’appropriation comparé à l’Europe. L’immigration, souvent vue comme un levier, a un impact « limité et ambigu », avec une contribution neutre aux finances due à une intégration incomplète sur le marché du travail et à des conséquence sur la sécurité.

La Cour propose trois pistes : augmenter le taux d’emploi des jeunes, des seniors, des femmes et des immigrés ; repenser les solidarités (fiscalité sur la consommation, contribution accrue des retraités aisés) ; et relancer la natalité via des mesures fiscales, tout en évitant les dérives.

Enfin, la Cour appelle à investir dans la statistique publique et la prospective pour relever ces défis.