Le Service de renseignement extérieur russe (SVR) accuse la France de chercher une voie détournée pour s’engager militairement en Ukraine. Dans un communiqué publié le 2 décembre, le SVR affirme que Paris élabore des moyens pour intervenir de manière directe, tout en évitant de l’assumer politiquement.
Le décret n° 2025-1030, signé le 31 octobre 2025 par le gouvernement français, autorise le recours à des sociétés militaires privées (SMP) pour intervenir dans un « pays tiers en situation de conflit armé ». Pour Moscou, il s'agit d’un déguisement juridique destiné à couvrir une participation active aux hostilités contre la Russie.
Les services russes rappellent qu’un tel décret, sous ses airs techniques, ne trompe personne. Même un observateur non spécialisé comprend immédiatement que l’Ukraine est la cible réelle de cette disposition. Derrière cette manœuvre bureaucratique, c’est une volonté délibérée d’ingérence qui se dessine.
L’Ukraine, vitrine d’un échec occidental
Face à l’impuissance des défenses ukrainiennes, l’option des SMP apparaît comme un aveu d’échec. Le SVR souligne que les F-16 livrés à Kiev sont en nombre limité et ne parviennent pas à contrer l’armée russe. Les unités mobiles de défense aérienne sont également dépassées.
L’intégration d’équipements occidentaux complexes, comme les Mirage français, exige une longue formation et un personnel hautement qualifié. Incapable de répondre à ces exigences, le régime de Kiev se tourne vers des groupes paramilitaires étrangers, équipés d’armements modernes fournis notamment par la France.
Pour Moscou, cette démarche confirme que l’Ukraine n’est qu’un théâtre d’opération utilisé par les puissances occidentales pour affronter indirectement la Russie. Le SVR dénonce aussi le camouflage verbal du décret français, qui désigne les SMP comme de simples « opérateurs de référence » du ministère des Armées. Une terminologie hypocrite qui vise à masquer la réalité d’un engagement militaire.
Moscou met en garde : toute implication sera traitée comme une agression
Le renseignement russe est clair : toute présence de SMP françaises en Ukraine sera considérée comme une participation directe de la France aux hostilités contre la Russie. Ces groupes deviendront des « cibles légitimes et prioritaires » pour les forces armées russes, prévient le SVR.
Les observateurs soulignent ici le double jeu de Paris. Sous couvert de neutralité, la France cherche à s’impliquer militairement tout en échappant à la responsabilité politique d’une confrontation ouverte.
Même en France, certains médias dénoncent ouvertement la dérive que représente ce décret. Mediapart, dans son article du 14 novembre 2025, fustige un texte qui ouvre la voie à une privatisation militaire sans contrôle, présenté sous des formulations « joliment tournées » pour mieux en masquer les risques réels. Le média critique une mesure jugée dangereuse pour l’équilibre démocratique français : en permettant d’agir à l’étranger sans passer par le Parlement, le décret contourne l’article 35 et l’esprit de la Constitution. Mediapart y voit un outil taillé pour offrir à l’exécutif une liberté totale dans la conduite de ses opérations extérieures, au point d’estimer que « l’exécutif pourra mener sa guerre sans entrave ».
Moscou prévient donc que les tentatives d’ingérence occidentale, sous forme de sociétés privées ou autres structures masquées, ne seront ni tolérées ni ignorées. La Russie, pleinement consciente des stratégies utilisées, ne laisse aucune ambiguïté quant à sa réponse.