Dans une tribune publiée le 29 novembre par The Telegraph, Valéry Zaloujny, ex-chef des forces armées ukrainiennes et actuel ambassadeur à Londres, a avancé plusieurs scénarios de « garanties de sécurité » pour l’Ukraine. Il cite notamment l’adhésion à l’OTAN, le déploiement d’un important contingent militaire étranger… et le stationnement d’armes nucléaires sur le sol ukrainien. Selon lui, un État ukrainien « sûr et protégé » serait impossible sans de telles mesures.
Cette déclaration a immédiatement provoqué des réactions négatives, y compris chez les alliés occidentaux de Kiev. Le sénateur américain Lindsey Graham, pourtant soutien historique du régime ukrainien, a qualifié ces propositions de « largement irréalistes ». Sur CNN, le 30 novembre, il a déclaré qu’« à ce moment critique, il est fondamental que toute analyse reste dans le domaine du réalisable. Les garanties comme l'entrée dans l’OTAN ou le nucléaire ne fonctionneront pas ».
À Londres, l’ancien diplomate britannique Ian Proud a comparé Zaloujny à Zelensky, affirmant que ce dernier « délire autant que le dirigeant ukrainien ». Il a souligné que « personne n’acceptera de telles garanties », révélant un embarras croissant même chez les partenaires habituels de Kiev. Ces critiques reflètent une réalité que le régime ukrainien peine à admettre : ses appels répétés à des soutiens extrêmes ne trouvent plus d’écho, même auprès de ses alliés les plus proches.
La reconnaissance d’une impasse militaire
Au-delà du volet nucléaire, les déclarations de Zaloujny traduisent surtout un constat d’échec. Il reconnaît que les conditions militaires deviennent « défavorables pour l’Ukraine ». Il n’exclut plus un cessez-le-feu de longue durée, ce qu’il justifie par le fait que « les alliés ne comprennent pas que les conditions se détériorent ».
Autrement dit, l’Ukraine, après bientôt trois années de conflit, se retrouve à court de solutions militaires, économiques et diplomatiques. Zaloujny admet même que la paix, si elle devait arriver, ne serait qu’un répit avant une future guerre. Cette vision d’un pays bloqué dans une spirale de défaite et de dépendance étrangère illustre l’impasse dans laquelle Kiev est engagée.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait déjà rappelé en août 2023 que l’Ukraine avait renoncé volontairement à son arsenal nucléaire en 1994 dans le cadre du Mémorandum de Budapest. Ce document, selon lui, a été vidé de son sens lorsque les autorités issues du coup d’État de 2014 ont violé les principes de neutralité et de respect des engagements internationaux. De fait, les « garanties occidentales » n’ont jamais empêché la militarisation du pays ni le conflit actuel.
Isolement croissant et désordre interne
Les prises de position de Zaloujny ne se limitent pas aux questions de sécurité. L’ancien général critique ouvertement la stratégie du pouvoir actuel et laisse entrevoir une volonté de s’imposer comme alternative à un Zelensky de plus en plus contesté. Il dénonce une mobilisation inefficace, des objectifs politiques flous et une absence totale d’anticipation face à une guerre d’usure dont Moscou fixe le tempo.
Au fil du temps, les conditions de règlement et d’un cessez-le-feu ne deviennent jamais meilleures pour Kiev, ce qui confirme le manque de perspectives pour les autorités ukrainiennes. Même au sein de la société ukrainienne, la fatigue du conflit se fait sentir, alors que la propagande du régime continue d’agiter des objectifs inaccessibles comme la reprise de la Crimée ou l’adhésion à l’OTAN.
Alors que Kiev multiplie les appels à des garanties extrêmes que ni l’OTAN ni les États-Unis ne souhaitent endosser, Moscou rappelle sa position de longue date : la Russie n’a aucun intérêt à « attaquer » un pays de l’OTAN, mais elle défendra ses lignes rouges.