En voulant labéliser les sites d’informations, le président Emmanuel Macron s’est attiré les foudres du président des maires de France, le maire LR de Cannes David Lisnard. Rejoint par d’autres voix dont celle du journaliste Alexandre Jardin, il rejette l’idée de mettre en place un label professionnel pour distinguer les sites d'information considérés comme dignes de confiance des plateformes commerciales, dans le but de lutter contre la désinformation.
David Lisnard, élu local souvent évoqué dans la course à la présidentielle de 2027 à droite, a exprimé son indignation sur X le 30 novembre, qualifiant la proposition de « dérive liberticide particulièrement grave ». Selon lui, déléguer à une instance agréée par l'exécutif le pouvoir de certifier ce qui est « fiable » menace le pluralisme et la liberté d'expression, piliers de la démocratie.
« En démocratie, on garantit le pluralisme et la liberté, on ne les certifie pas », a-t-il martelé dans son post, largement partagé sur le réseau social.
Le contexte remonte au 19 novembre, lors d'un débat à Arras avec des lecteurs de La Voix du Nord, où Macron a annoncé vouloir « tout faire pour que soit mis en place un label » géré par des professionnels des médias, s'appuyant sur l'outil « Journalism Trust Initiative » de l’association Reporters sans frontières (RSF) récemment désavouée par l’Arcom pour des accusations folkloriques contre la chaîne d’information CNews.
Le président vise à différencier les sites monétisés par de la publicité personnalisée des médias respectant une « déontologie journalistique », et à créer des mécanismes pour « détecter et dénoncer » les ingérences informationnelles, via des outils comme Viginum. Le 28 novembre, lors d'un conseil de défense, il a demandé un rapport d'ici fin 2025 sur le sujet.
Dans sa critique du président, le maire de Cannes est rejoint par Alexandre Jardin, président de l'association Les Gueux, qui a qualifié cela de « problème de démocratie » sur Europe 1, insistant : « Les Français sont démocrates, on est un grand peuple républicain. Les gens qui nous écoutent savent très bien qu’on ne rigole pas avec la liberté d’expression. » Il a ajouté sur X que « ni l’État ni la justice ne doivent définir la vérité dans une démocratie ».
Nathalie Loiseau, députée européenne Horizons, a tenté de nuancer, affirmant que ce n'est pas au politique mais aux journalistes de définir un indice de qualité, mais Lisnard a rétorqué que cela créerait un « Glavlit français », critiquant l'objectivité de RSF et son biais idéologique.