En 2025, la France traverse une conjoncture économique fragile : croissance en berne, entreprises sous pression, instabilité politique et climat international tendu. Pourtant, le marché du travail tient mieux qu’attendu. Le chômage, en légère hausse, atteint 7,7 %, contre 7,4 % un an plus tôt, mais on est loin d' un effondrement. Bruxelles prévoit toutefois une dégradation progressive, avec 8 % de chômeurs en 2026 et 8,2 % en 2027, signe d’un ralentissement durable.
Dans ce contexte, les salaires ont connu en 2024-2025 une progression rare : ils ont augmenté plus vite que l’inflation, permettant de compenser en partie la perte de pouvoir d’achat subie entre 2021 et 2023. Le Smic, indexé sur les prix, a bondi de 17 % en quatre ans.
62,5% du salaire médian est constitué du Smic
Résultat : la part de salariés directement concernés par ses revalorisations automatiques baisse, mais 2,2 millions de personnes restent rémunérées au salaire minimum, dont près de 60 % de femmes. Avec un Smic atteignant 62,5 % du salaire médian, la France dépasse désormais tous les pays européens.
Cette forte compression des rémunérations crée une zone de stagnation entre 1,2 et 2 Smic, que les experts qualifient pour la première fois de « trappes à bas salaires ». Le système d’allègements de cotisations patronales, étendu depuis trois décennies pour soutenir l’emploi peu qualifié, est lui aussi remis en cause : trop coûteux (75 milliards en 2024), trop large, et inefficace pour favoriser la progression salariale.
Le rapport préconise de recentrer ces exonérations sur les bas salaires et de limiter leur portée à 2 Smic au lieu de 3. Une telle réforme pourrait générer 6 milliards d’euros d’économies et stimuler la création d’environ 40 000 emplois dans la zone comprise entre 1,2 et 1,8 smic.
Ces économies pourraient être redirigées vers une refonte de la prime d’activité, et intégrées à l’« allocation sociale unique » que le gouvernement prépare. L’étude insiste aussi sur un angle peu médiatisé : le poids des aides locales, pouvant représenter jusqu’à 20 % du revenu disponible des familles modestes. Leur forte hétérogénéité territoriale crée des inégalités invisibles. Les experts recommandent donc un suivi national accru pour harmoniser et piloter ce maillage complexe.