France

Des réactions peu enthousiastes au service national volontaire annoncé par Macron

Emmanuel Macron a annoncé, le 27 novembre, l’instauration d’un service national «volontaire» et «purement militaire» de dix mois, rémunéré 800 euros, destiné aux jeunes de 18-19 ans sur le territoire français. Ce dispositif vise à renforcer les armées avec un objectif de 50 000 volontaires annuels d’ici 2035.

Le président français a dévoilé les contours d’un nouveau service national volontaire le 27 novembre à Varces, en Isère, auprès de la 27e brigade d’infanterie de montagne. Il sera axé sur une formation militaire de dix mois pour les jeunes majeurs, sans envoi à l’étranger.

Cette mesure, présentée comme une réponse aux tensions géopolitiques, notamment avec la Russie, prévoit une première promotion de 3 000 jeunes dès l’été 2026.

Les réactions politiques, peu nombreuses, ont été essentiellement négatives.

À gauche, seules les troupes mélenchonistes ont réagi. Le député LFI Louis Boyard a écrit sur X : « Macron annonce un service militaire volontaire. Voilà quel aura été son seul projet pour la jeunesse. L’école ? L’emploi ? La précarité ? Les apprentis ? L’université ? Le climat ? Rien. Les budgets sont partis dans son service militaire. Dans cette guerre dont les jeunes ne veulent pas. »

Cette charge illustre le scepticisme de l’opposition insoumise, qui y voit un détournement des priorités sociales vers une militarisation jugée inutile. Mathilde Panot, présidente du groupe à l’Assemblée nationale, avait insisté dans la matinée : « Nous nous opposons au service militaire proposé par le gouvernement. Nous proposons en revanche une conscription citoyenne qui permette de faire face aux grands enjeux de notre siècle, notamment celui du réchauffement climatique. »

Les cadres communistes, écologistes et socialistes n’ont pas commenté ces annonces.

Au centre gauche, la députée En commun, ancienne macroniste issue du PS et membre désormais de La Convention de Bernard Cazeneuve, a salué : « Le Service Militaire Volontaire annoncé par Emmanuel Macron peut renforcer nos réservistes et le lien armée–citoyens, important dans le contexte actuel ». L’élue met néanmoins en garde pour que ce service demeure bien « volontaire ».

À droite, les avis sont également nuancés. L’ancien député LR François Cornut-Gentille, cité dans un article du Point, approuve l’idée mais met en garde contre les écueils : « Ce n’est pas le service militaire qui rétablira ce que les familles et l’école n’ont pas su susciter. » Pour lui, le projet renforce le lien armée-nation, mais risque de confondre objectifs sociaux et militaires, soulignant les limites d’un dispositif volontaire.

Les membres de Renaissance, le parti d’Emmanuel Macron, ne se sont pas pressés pour saluer la mesure. Le président du groupe macroniste à l’Assemblée et président du parti, Gabriel Attal, qui pilotait le Service national universel (SNU), n’a pas communiqué sur les annonces présidentielles.

Au Rassemblement national, peu de commentaire également. Le député Sébastien Chenu avait déclaré quelques heures avant la prise de parole du chef de l’État : « Le service national universel de Macron est un échec […] Le RN, lui, défend depuis 2022 un service national obligatoire de trois mois, utile, valorisable et réellement formateur. »

Les réactions hostiles contrastent avec l’opinion publique, puisque 81 % des Français se disent favorables à cette mesure, selon un sondage Ifop pour LCI paru la veille de l’annonce présidentielle.

Le manque d’enthousiasme pour le projet pourrait ici s’apparenter à un rejet du messager plus que du message, alors que la popularité du président est au plus bas.