La 53e édition du Festival international de la bande dessinée (FIBD) d’Angoulême, prévue du 29 janvier au 1er février 2026, est plus que jamais compromise. Face à un boycott massif des auteurs et des maisons d’édition, les organisateurs peinent à maintenir la rencontre, soulignant une rupture de confiance irrémédiable au sein de la profession.
Une fronde unanime contre la société 9e Art+
Le mouvement de contestation, initié il y a plusieurs mois, s’est amplifié avec la confirmation du boycott par neuf organisations et syndicats d’auteurs, qui refusent de participer tant que la société 9e Art+ restera aux commandes. « Il est impossible de faire redescendre la mobilisation tant que la société 9e Art+ pilotera la manifestation », déclarent-ils dans un communiqué, évoquant des problèmes comme les violences sexistes et sexuelles, une gouvernance autarcique et l’exploitation mercantile. L’auteur et éditrice Lisa Mandel, engagée dans le « girlcott » (version féminisée de « boycott »), affirme au HuffPost : « Angoulême 2026, c’est niet pour nous », insistant sur la nécessité d’une refonte complète pour plus « d’inclusivité » et de transparence.
Les éditeurs, regroupés au sein du Syndicat national de l’édition (SNE), estiment que l’édition «ne pourra plus se tenir» sans auteurs pour animer les stands et les dédicaces.
Les indépendants, via le Syndicat des éditeurs alternatifs, laissent le choix à chacun mais la majorité renonce déjà. Cette désertion collective ruine les efforts des collectivités territoriales, qui subventionnent 47 % du budget, et du ministère de la Culture, qui souhaite une tenue du festival malgré les « conditions particulières ».
A droite, sur les réseaux sociaux, la démarche de boycott annoncé dans le journal de gauche l’Humanité est moquée : « Les auteurs et éditeurs ultra woke font annuler le festival d’Angoulême car ils n’ont pas réussi à cancel des gens qu’ils n’aimaient pas », ironise un compte suivi par plus de 50 000 personnes.
Le festival d’Angoulême est en effet devenu au fil des années, la chasse gardée de la gauche culturelle, évinçant des éditeurs comme Reynald Secher éditions ou les éditions du Triomphe. En revanche des auteurs de gauche mis en cause dans la diffusion d’images pédopornographiques ont pu être invités sans problème jusqu’à ce que la polémique soit révélée.
Les organisateurs, sous la direction intérimaire de Clémentine Hustin et Fausto Fasulo, appellent à des discussions pour sauver le festival qui doit se dérouler dans deux mois. Dans un communiqué de presse, le Festival « formule l’espérance que les discussions en cours pourront permettre de trouver une solution afin que se tienne l’édition 2026 »
Pourtant, l’hypothèse d’une version réduite, centrée sur des expositions japonaises comme « Kazuo Umezz, conjurer la peur », semble insuffisante pour sauver l’édition. La ministre Rachida Dati, interrogée à l’Assemblée, annonce une réduction de plus de 60 % de la subvention étatique, ajoutant à l’incertitude. Sans résolution rapide, la perspective d’une disparition définitive d’une institution culturelle phare apparaît de plus en plus crédible.