Les parlementaires ont validé le 12 novembre un gel temporaire de la réforme Borne sur les retraites, qui fait l'objet de contestations. Évitant son application immédiate pour des millions de futurs retraités et ouvrant la voie à un dialogue social avant 2028, les socialistes font valoir une victoire, contestée par La France Insoumise.
Une mesure de compromis au cœur des débats budgétaires
La suspension, inscrite à l’article 45 bis du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, reporte jusqu’au 1er janvier 2028 la hausse progressive de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, ainsi que l’allongement de la durée de cotisation. Adoptée par une large majorité, incluant le PS, les élus macronistes, le RN et une partie des députés Liot, elle concerne initialement les retraités de droit commun, avant d’être élargie aux carrières longues et catégories actives via un amendement gouvernemental. Selon le ministre du Travail Jean-Pierre Farandou, « le temps de la suspension doit être utile au dialogue social ».
Le coût estimé de ce report est de 300 millions d’euros en 2026 et 1,9 milliard en 2027, financés par une hausse de la CSG sur le patrimoine. La suite du vote s’annonce chaotique. Faute de temps, près de 400 amendements restaient à examiner à minuit, les débats sur le PLFSS se sont achevés sans scrutin global sur l’ensemble du texte, transmis tel quel au Sénat conformément à l’article 47-1 de la Constitution.
La guerre des gauches se poursuit
LFI, par la voix de son secrétaire national Manuel Bompard, dénonce de son côté un « 49.3 déguisé », tandis que le gouvernement mise sur la navette parlementaire pour finaliser le budget 2026.
Le Sénat examinera le texte dès samedi en commission, puis le 19 novembre en hémicycle. Les tensions à gauche ont éclaté au grand jour. Les socialistes, artisans du compromis avec le gouvernement Lecornu pour éviter une censure, célèbrent une « victoire d’étape ». Olivier Faure, premier secrétaire du PS, s’est félicité : « C’est une victoire d’étape […] Le totem absolu de la Macronie a été ébranlé ».
Sur X, le groupe PS a ajouté : « La suspension de la mise en application de la réforme des retraites est une "victoire pour les 3,5 millions de Français(es) qui vont pouvoir partir plus tôt à la retraite". Le combat continue pour obtenir l’abrogation de la retraite à 64 ans ! ».
LFI, opposée au texte, a voté contre, refusant un simple « décalage » et exigeant l’abrogation totale et dénonçant « l’alliance PS-macronie ». Côté syndical, la CGT appelle à une grève le 2 décembre pour l’abrogation, tandis que la CFDT salue un « premier coup d’arrêt ».