Dans un contexte où l’enseignement catholique scolarise 17 % des élèves français, le torchon brûle entre le nouveau ministre de l’Éducation et l’Église de France. Les évêques ont réaffirmé leur attachement à la liberté de pratiquer la religion dans les établissements catholiques lors de leur réunion à Lourdes, du 4 au 9 novembre.
Une polémique qui illustre la tension entre laïcité républicaine et liberté confessionnelle, garanties par la loi Debré de 1959, alors qu’en plus d’interdire la prière, le gouvernement français entend promouvoir une éducation sexuelle faisant la part belle à la propagande LGBT.
Nommé en avril 2025 par les évêques de France, Guillaume Prévost, secrétaire national de l’enseignement catholique, a provoqué un vif débat dès sa conférence de rentrée, le 23 septembre. « Il faut redonner clairement le droit à une enseignante de faire une prière le matin avec ses élèves, parce que c’est le cœur du projet catholique », a-t-il déclaré. Pour lui, « moins nous serons chrétiens, plus nous serons une concurrence déloyale pour l’enseignement public ».
Cette position, conforme à la feuille de route fixée par l’épiscopat, vise à dépasser l’image d’un enseignement privé catholique réservé aux élites. Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre et responsable du dossier à la Conférence des évêques de France, insiste : « Nous avons parfois de l’enseignement catholique l’image trop exclusive d’un enseignement d’élite dans les beaux quartiers. On a besoin de rappeler ce qu’est l’enseignement catholique : un enseignement pour tous, enraciné dans l’appartenance et ouvert à tous. »
À Lourdes, les évêques de France ont réaffirmé cette vision. La foi doit être « proposée », les familles associées, et les établissements ouverts aux plus fragiles, y compris financièrement.
Ces déclarations font suite aux attaques du nouveau ministre de l’Éducation, Édouard Geffray, auditionné le 4 novembre à l’Assemblée nationale, qui avait affirmé : « Lorsque l’État paie un professeur, il le paie pour enseigner. Et donc, je ne vois pas comment, sur un temps d’enseignement, on pourrait faire une prière. » Il a promis la même « clarté » lors de sa prochaine rencontre avec Guillaume Prévost. Ce dernier, énarque et ancien haut fonctionnaire, défend un « regard qui fait grandir l’autre » inspiré du Christ. En dépit des scandales qui ont frappé l’institution, notamment l’affaire Bétharram, l’Église n’entend pas renoncer à professer la foi catholique dans ses écoles.