Le 29 novembre, au Forum de la Paix, Emmanuel Macron a lancé un cri d’alarme sur les réseaux sociaux, les qualifiant de machines à « vendre de la publicité individualisée » conçues pour « créer l’excitation maximale ».
« Notre bêtise est là », a-t-il asséné, regrettant que « l’ordre de mérite qui fondait nos démocraties », le rapport à l’argumentation et à la vérité, soient « complètement mis en l’air ». Touché par des rumeurs et des calembours concernant sa femme, le président entend riposter sur le terrain réglementaire.
Dérives, ingérences et urgence européenne
« On a fait n’importe quoi, on a totalement tort d’aller s’informer là-dessus », a tonné le président, appelant à « reprendre le contrôle de notre vie démocratique et informationnelle en régulant ». Le chef de l’État avait pourtant lui-même largement misé sur les réseaux sociaux, notamment en invitant des Youtubeurs à l’Élysée, s’attirant alors les foudres de l’opposition pour sa communication.
Emmanuel Macron a désormais changé d’avis et fustige : sur X, « si vous ne tombez pas immédiatement sur des contenus d’extrême droite, c’est que vous êtes mal organisés », a-t-il ironisé, visant un algorithme biaisé par « l’internationale réactionnaire ». TikTok exposerait, selon lui, les jeunes au « salafisme » via des recherches comme « islam ».
La Russie est évidemment aussi prise pour cible : « les plus gros acheteurs de faux comptes », qui orchestrent une « ingérence sous stéroïdes » pour déstabiliser l’Europe. Face à cela, Emmanuel Macron promet un « agenda beaucoup plus puissant de protection et de régulation en Europe », compatible avec « l’innovation » des « acteurs d’intérêt public » et « infrastructures libres ». « Je crois très profondément dans l’innovation, mais je ne crois pas une seule seconde dans l’innovation au service des Lumières noires. »
Les réactions sur X fusent. Florian Philippot dénonce une « folie » et une « menace » sur la « liberté d’expression » dans un contexte d’effondrement sondagier pour le président. Le compte satirique Bouli moque : « Plus facile de contrôler trois patrons de presse que 68 millions de Français ».
Le journaliste Ivan Rioufol appelle, lui, à « résister au président censeur ». Dans la foulée de la rencontre parisienne, trente pays ont signé une déclaration pour l’« intégrité de l’information », engageant une coopération multilatérale accrue.