Le réseau ferroviaire français est en péril imminent. Des voix d'ONG, de syndicats et de parlementaires convergent pour exiger une mobilisation nationale, alors que le secteur des transports reste le premier émetteur de gaz à effet de serre en France.
Selma Huart, chargée de plaidoyer chez Oxfam France, résume le drame : « Le réseau est à bout de souffle, surtout les lignes de desserte locale ». Avec des voies ferrées âgées en moyenne de plus de trente ans, la France risque de voir s'évaporer un sixième de son infrastructure, aggravant la dépendance à la voiture et isolant des milliers d'habitants.
Un rapport parlementaire pour un sursaut stratégique
Présenté le 15 octobre par les députés Bérenger Cernon (LFI-NFP) et Olga Givernet (EPR), un rapport de la commission du développement durable dresse également un diagnostic sans appel. Fruit de vingt-six auditions, ce document de quarante-quatre recommandations plaide pour une stratégie ferroviaire de long terme, pilotée par l'État.
Parmi les mesures phares : prioriser les trains du quotidien sur les TGV, baisser le prix des billets, instaurer un ticket unique national et ramener la TVA sur le rail de 10 % à 5,5 %.
Les rapporteurs soulignent les dangers de l'ouverture à la concurrence, qui fragilise le modèle économique de la SNCF en menaçant la péréquation entre lignes rentables et déficitaires. Sans report modal massif de la route vers le rail, l'objectif de doubler le trafic voyageurs et fret, jugé essentiel pour la décarbonation, reste illusoire.
Côté associatif, l’Association Rail Dauphiné Savoie Léman alerte sur les petites lignes du réseau français « en sursis », affirmant même : « un sixième du réseau ferré français est en fin de vie et 10 000 km de voies sont menacés de disparition d’ici dix ans ».
L’association cite les déclarations de l’ancien Premier ministre Jean Castex, devenu PDG de la SNCF : « C’est un sujet d’argent […] c’est le nerf de la guerre et nous allons devoir être convaincants pour que des choix financiers pertinents puissent être faits ».
Son successeur au gouvernement, Sébastien Lecornu, a annoncé la présentation d’une loi-cadre pour le financement des transports lors de sa déclaration de politique générale devant le Sénat, le 15 octobre.