France

Universités françaises : la liberté académique en danger, selon un rapport

Un rapport remis le 15 octobre par Stéphanie Balme à France Universités révèle une érosion alarmante de la liberté académique en France. Face à des pressions politiques, économiques et sociales, elle propose de constitutionnaliser ce droit fondamental.

Un document intitulé « Défendre et promouvoir la liberté académique », présenté lors d’un colloque de France Universités, dresse un constat préoccupant : la liberté de penser, d’enseigner et de publier des chercheurs français est menacée.

Stéphanie Balme, directrice du Centre de recherches internationales à Sciences Po, souligne que, même dans les démocraties, ce droit fondamental s’effrite sous l’effet de pressions multiples, affectant les sciences humaines et expérimentales.

Des atteintes multiples et un « maccarthysme 2.0 »

En France, les ingérences viendraient d’acteurs variés : politiques, entreprises privées, groupes de pression et réseaux sociaux. Les « procédures-bâillons » se multiplieraient, avec des retraits de financements ou des pressions pour censurer des recherches sur des sujets sensibles comme le climat, la santé ou l’immigration. Dans un milieu universitaire français largement dominé par la gauche, certains sujets se prêtent désormais à des confrontations idéologiques. Ainsi, des conférences ont été annulées, notamment sur fond de tensions liées à la guerre Israël-Gaza, et des universitaires subissent des campagnes de stigmatisation en ligne, qualifiées de « maccarthysme contemporain 2.0 ».

En 2024, des ingérences étrangères et des restrictions d’accès à des terrains de recherche, comme en Iran ou en Tunisie, ont aggravé la situation. Le rapport évoque également un manque de culture politique de la liberté académique, laissant les chercheurs isolés. Parmi ses 65 propositions, Stéphanie Balme suggère d’inscrire ce droit dans la Constitution, de protéger les sources comme pour les journalistes et de créer un observatoire européen. Une campagne nationale, avec affiches et hashtags, est aussi préconisée pour sensibiliser le public.