France

Retraites : le «en même temps» macroniste à l’épreuve des dissidences

La suspension de la réforme des retraites, via un amendement au PLFSS, répond à l’urgence de stabilité face à la menace de censure du PS. Mais cette concession divise le centre et attise les oppositions, mettant à rude épreuve la stratégie macroniste.

Ce 15 octobre, Sébastien Lecornu a clarifié à l’Assemblée nationale les modalités de la suspension de la réforme des retraites : un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) dès novembre. Cette mesure, visant à « aller vite » tout en permettant un « débat de qualité », répond à la pression du PS pour éviter une censure. Mais ce compromis, emblématique du « en même temps » macroniste, révèle des fractures profondes au sein du socle commun et au-delà.

Tensions centristes, le socle commun s’effrite sur l’abrogation de la réforme des retraites

Chez Horizons, la suspension passe mal. Paul Christophe dénonce une « dangereuse facilité », et Christelle Morançais, présidente de la région Pays de la Loire, s’indigne sur X : « Suspendre la réforme des retraites est une folie : notre pays est au bord du gouffre financier ! » et d’ajouter que si elle était députée elle voterait la censure.

Le Modem, par la voix de Marc Fesneau, alerte sur les risques pour les finances publiques. Chez Renaissance, la pilule est amère : Olivier Dussopt, ancien ministre et député, fustige une « grosse erreur » dans Le Parisien, tandis que Vincent Caure accepte à contrecœur au nom de la stabilité. À droite, LR hésite : Laurent Wauquiez prône l’équilibre, mais Bruno Retailleau dénonce un gouvernement « pris en otage » par le PS.

L’eurodéputé LR François-Xavier Bellamy juge la suspension « irresponsable » sur Franceinfo et fustige des dirigeants qui « se moquent de votre avenir ».

Boris Vallaud (PS) prévient : « Sans suspension, pas de gouvernement » accentuant la pression sur le centre macroniste qui se sait menacé en cas de nouvelles élections législatives. Les sondages donnent le camp du parti présidentiel largement battu et le RN historiquement haut.  

Avec 50 jours pour adopter le PLFSS, sans 49.3, le spectre des ordonnances plane. Lecornu insiste : « La suspension n’est pas une abrogation. » Mais ce fragile équilibre macroniste vacille face aux dissidences et aux exigences du Parlement.