Le retrait formel du FLNKS de l’accord de Bougival, notifié le 30 septembre à Sébastien Lecornu, consacre l'échec des négociations entamées en juillet et ravive les tensions post-référendums.
Après un rejet unanime au congrès du FLNKS en août, cette décision marque un refus catégorique d'un compromis perçu comme dénaturé par l'État, qui avait qualifié le document d'« accord historique » lors de sa publication au Journal officiel.
Un gel des institutions contesté
Signé par la délégation mandatée pour négocier, le courrier insiste : « Nos signatures ne concernaient qu'un projet soumis à nos instances, non un accord définitif ». Les indépendantistes y voient une « instrumentalisation » qui bafoue l'esprit de l'Accord de Nouméa de 1998, cadre des trois référendums (2018, 2020, 2021) ayant scellé le maintien dans la République.
« La seule voie légitime reste le dialogue », réaffirment-ils, adressant une copie à Emmanuel Macron, Yaël Braun-Pivet et au haut-commissaire.
Malgré ce coup de théâtre, l'État avance : le Parlement examinera bientôt un projet de loi constitutionnelle pour créer un « État de la Nouvelle-Calédonie » et reporter les élections provinciales de novembre 2025, gelées depuis les émeutes de mai 2024 (14 morts).
Ce report, justifié par des violences liées à une réforme électorale perçue comme discriminatoire par ses opposants, avait été validé par le Conseil constitutionnel en septembre.
Ce bras de fer survient alors que la justice assouplit le contrôle judiciaire de leaders indépendantistes, comme Christian Tein, figure de la CCAT, autorisé à rentrer en Calédonie après 15 mois en métropole. Mis en examen pour association de malfaiteurs, il nie toute violence mais assume un positionnement résolument indépendantiste à l’instar du FLNKS qui réclame son indépendance « avant la présidentielle de 2027 ».
Le gouvernement, désormais dirigé par l’ancien ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, doit trancher et pourrait être tenté d’imposer un texte unilatéral qui risque d'exacerber les fractures, dans un archipel où 40 % des Kanaks aspirent toujours à l'indépendance.
Les tractations s'intensifient, avec des appels au « dialogue inclusif » de l'ONU.
Reste à savoir si ce retrait relance un processus bloqué ou enterre définitivement Bougival, au risque d'une nouvelle crise.