France

Le RN récupère des postes clés à l'Assemblée nationale

Le Rassemblement national a signé le 1er octobre son grand retour au bureau de l'Assemblée nationale, avec l'élection de deux vice-présidents : Sébastien Chenu et Hélène Laporte. Une décision saluée par le parti comme un triomphe démocratique, mais fustigée par la gauche comme une trahison institutionnelle.

Le retour du Rassemblement national (RN) dans les hautes instances de l'Assemblée nationale marque un tournant dans les équilibres parlementaires. Après un an d'exclusion en 2024, orchestrée par un accord entre les macronistes et la gauche, le parti de Marine Le Pen retrouve deux vice-présidences grâce à une répartition proportionnelle imposée par un vote serré.

Le scrutin, qui s’est tenu le 1er octobre au Palais Bourbon, reflète la volonté de la présidente Yaël Braun-Pivet de respecter le poids électoral des groupes, malgré des désaccords sur cette démarche jusqu’au sein du camp présidentiel.

Une victoire arrachée au forceps

Yaël Braun-Pivet, réélue à la tête de l'Assemblée, avait plaidé pour une « juste place » accordée au RN, premier groupe avec 143 députés. Elle s’en est expliquée dans une vidéo diffusée sur ses réseaux sociaux.

Soutenue par le « socle commun », elle a obtenu une répartition avec deux vice-présidents pour le Nouveau Front populaire (NFP), deux pour le socle et deux pour le RN. Les Insoumises Clémence Guetté et Nadège Abomangoli conservent leurs sièges, tandis que Christophe Blanchet (MoDem) et Marie-Agnès Poussier-Winsback (Horizons) représentent le centre.

Sébastien Chenu, vice-président du RN, a récolté 341 voix, contre 340 pour Hélène Laporte, également vice-présidente du parti. Déjà en poste de 2022 à 2024, ils incarnent la garde rapprochée de Marine Le Pen. « La démocratie est de retour ! », s'est réjoui le député RN Laurent Jacobelli sur LCP.

Au centre, le député Modem Marc Fesneau a rappelé que « les députés RN ne sont pas des sous-députés », défendant une « égalité républicaine ». Mais la gauche tonne. « C'est une trahison, un signe inquiétant pour nos institutions », a lancé le socialiste Arthur Delaporte, évoquant un « front républicain » brisé.

Chez les macronistes, les fissures apparaissent comme avec le député Charles Sitzenstuhl qui dénonce une « normalisation » du RN.

Les vice-présidents, chargés de présider les débats au perchoir, influencent les sanctions et la recevabilité des textes. Leur rôle au cœur du bureau, instance exécutive de l'Assemblée, amplifie l'exposition du RN.

Cette élection, fruit de tractations intenses depuis juin, remet en cause le concept de « front républicain » qui consiste à faire systématiquement obstruction au RN.