France

Réduire le nombre de fonctionnaires : la proposition explosive de Philippe Juvin

Le député LR Philippe Juvin propose d'inciter les fonctionnaires d'État à démissionner en leur versant 70% de leur salaire pendant dix ans, pour tailler dans les effectifs et redresser les finances publiques. Une mesure choc, limitée aux ministères non régaliens, qui promet de vifs débats à l'Assemblée.

Philippe Juvin, député Les Républicains (LR) des Hauts-de-Seine et membre de la Commission des finances, estime que la France compte trop de fonctionnaires, avec 5,8 millions d'agents publics, soit un actif sur cinq. Ce constat est partagé par une majorité de citoyens puisqu’un Français sur deux estime qu’il y a trop de fonctionnaires.

Cette inflation, avec une augmentation de 20 % en vingt-cinq ans malgré les révolutions numériques, pèse lourd sur le budget. Il propose donc une réduction drastique du nombre d’agents.

En France, les rémunérations, cotisations et retraites absorbent 362 milliards d'euros annuels, soit 12,4 % du PIB. À population égale, aligner la France sur l'Allemagne signifierait 1,79 million de postes en moins.

Une incitation financière « puissamment » généreuse

Dans une tribune au Monde publiée le 24 septembre, Philippe Juvin expose son plan choc : un amendement au projet de loi de finances 2026 pour un départ volontaire massif. Les fonctionnaires d'État, hors ministères régaliens (Intérieur, Justice, Défense), pourraient démissionner contre une rente de 70 % de leur salaire brut mensuel, versée dix ans, cumulable avec une nouvelle activité et cessant à la retraite. « C'est une main tendue, pas une punition », insiste l'élu, chef des urgences à l'hôpital Pompidou. Selon lui, cette mesure viserait les 20 % de fonctionnaires démotivés (sondage Ipsos 2022), soit potentiellement un million de départs.

Économiquement, la masse salariale des partants fondrait de 30 % la première année, et de 100 % au bout d'une décennie, générant des milliards d'euros d'économies tout en stimulant l'emploi privé.

À droite, Bruno Retailleau, ex-président LR, approuve l'idée d'une « administration administrante » allégée, mais le groupe Droite républicaine débat encore des garde-fous, comme l'ancienneté requise. La proposition ravive des souvenirs : François Fillon visait 500 000 suppressions en 2017, et  Emmanuel Macron 120 000 mais finalement le nombre d’agents a augmenté de 178 000 postes sous le quinquennat écoulé.

Philippe Juvin complète par le non-remplacement partiel des retraites, « une piste efficace mais lente ». Sur X, les réactions fusent. Le député PS Pierre Pribetich fustige la proposition de son collègue sur un ton moqueur : « Gagnant du jour au concours Lépine de la démagogie ».

Au-delà des polémiques, Philippe Juvin défend une mesure « simple, efficace, juste » et appelle à  « réorganiser l'État sans brutalité ». Face à une dette de 3 300 milliards d’euros, c'est un pari osé, entre incitation libérale et risque d'aubaine. Les débats budgétaires sont lancés et s'annoncent houleux.