France

750 000 seniors en «mort sociale» : l’isolement extrême explose en France

En 2025, 750 000 personnes de plus de 60 ans vivent en isolement extrême, sans contact avec leur famille, leurs amis ou leurs voisins, selon Les Petits Frères des Pauvres. Ce chiffre, en hausse de 150 % en huit ans, alarme à l’approche de la Journée internationale des personnes âgées.

Le troisième baromètre des Petits Frères des Pauvres, publié le 30 septembre 2025, révèle une situation dramatique : 750 000 seniors, soit 4 % des plus de 60 ans, sont en « mort sociale », sans aucun lien social. Ce nombre a bondi de 42 % depuis 2021 et de 150 % depuis 2017, porté par le vieillissement démographique, les séquelles du Covid-19 et la précarité croissante. Un an après un précédent rapport qui alertait sur la hausse de la précarité chez les seniors, l’association s’inquiète d’une situation toujours plus dégradée.

Deux millions d’aînés sont isolés des cercles familiaux et amicaux en France, un chiffre qui a doublé en huit ans. Les plus touchés sont les 80 ans et plus (6 %), les sans-descendance (9 %) ainsi que les plus pauvres (9 %). « Je parle avec mes murs, mais ils ne me répondent pas », confie Patricia, 71 ans, dans l’étude publiée par l’association Les Petits Frères des Pauvres. La crise sanitaire a brisé les habitudes sociales, et la baisse de la natalité aggrave les risques futurs, la famille restant le principal rempart contre l’isolement. Le taux de suicide chez les 85-94 ans (35,2 pour 100 000 en 2022) est double de la moyenne nationale, reflétant le lourd impact sur la santé mentale.

Sur le réseau social X, Les Petits Frères des Pauvres avancent le chiffre de 33 cas de morts solitaires en 2024 tout en sous-entendant que les données peuvent être incomplètes et donc pire.

Des actions sont en œuvre pour parer cette solitude des seniors, à l’image du réseau Monalisa qui mobilise 600 organisations et 1 000 équipes citoyennes pour tisser des liens, mais les coupes budgétaires freinent les initiatives.

La Fédération nationale des associations de directeurs d'établissements et services pour les personnes âgées (FNADEPA) reprend l’étude des Petits Frères des Pauvres et appelle à ce que le prochain gouvernement impose le grand âge « au cœur des priorités nationales », en appelant à une mobilisation du secteur le 16 octobre pour interpeller les autorités publiques.

Les Petits Frères des Pauvres appellent également à des politiques plus ambitieuses et proposent de revaloriser le minimum vieillesse et de créer un système d’alerte national contre la mort solitaire. « L’isolement n’est pas une fatalité », insiste Yann Lasnier, délégué général, plaidant pour un sursaut collectif.