Le «menhir» n'est pas prêt à abandonner sa marque. Demandé notamment par le maire de Béziers, Robert Ménard et le député du Gard, Gilbert Collard, le changement du nom «Front national» entraînera sa «récupération» par Jean-Marie Le Pen. «Une chose est sûre, si la direction du FN abandonne le nom, je le récupérerai. J’ai un certain droit d’antériorité», explique le patriarche.
Tacles à Ménard et Collard
Jean-Marie Le Pen en a profité pour adresser une pique aux deux personnalités qui demandent le plus vigoureusement le changement de nom du parti : «Les deux personnes qui s’avancent pour demander de changer le nom du Front national n’en font pas partie, mais lui doivent leur siège, aussi bien M. Ménard à Béziers que M. Collard dans le Gard. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils n’ont vraiment pas la reconnaissance du ventre.»
On savait le fondateur du parti en (très) mauvais termes avec le député du Gard et membre du Rassemblement bleu marine, un parti qui gravite autour du FN. Il ne s’est donc pas privé pour en remettre une couche sur lui, mais également sur le maire de Béziers : «S'ils s'étaient présentés sous leur propre couleur, ils auraient fait tchoufa comme on disait en Algérie. Tout cela est non seulement ridicule mais un tel changement serait criminel».
«Il n’y a que les maisons en faillite qui change de nom»
Jean-Marie Le Pen ne comprend pas pourquoi certains envisagent de changer le nom du parti. Les défenseurs de la modification arguent qu’il faudra au moins cela pour franchir le fameux «plafond de verre», censé empêcher le parti frontiste de gagner les élections. Après un premier tour record aux Régionales et des scores très élevés dans plusieurs circonscriptions, le FN n’a pas transformé l’essai au second tour, victime de la stratégie du «Front républicain».
Le patriarche du clan Le Pen n’est pas du tout en accord avec cette analyse. Selon lui, il serait «ridicule» de changer de nom alors «que le FN n’a jamais été aussi fort». Dans son style toujours très offensif, il va jusqu’à parler de traîtrise : «Il n’y a que les maisons en faillite qui changent de nom. Si certains le prônaient ouvertement à l’intérieur du FN, ils se révéleraient comme d’authentiques traîtres. Ce ne serait pas se tirer une balle dans le pied mais carrément une balle dans la tête.»
Déchu de son poste de président d’honneur, ne semble pas décider à tirer un trait sur les affaires du parti. «En tout cas, si l’on veut lancer un débat sur ce sujet, il faut y associer Jean-Marie Le Pen et ses amis. Sinon ce n’est pas un vrai débat, c’est un monologue. Mais alors il faut organiser un congrès physique, pas un congrès postal» explique-t-il comme pour montrer à sa fille et son entourage qu’il est toujours dans le coup.
Le débat sur le changement de nom du Front national n’est pas nouveau. Evoqué depuis plusieurs mois, il revient sur le devant de la scène, porté par des personnalités telles que Robert Ménard ou Gilbert Collard. Même Florian Philippot, le vice-président du parti, n’a pas exclu de sauter le pas. Il estime que «rien n’est tabou» mais préfère laisser le soin à Marine Le Pen de choisir ou non d’ouvrir le débat.