Le rapport de la Cour des comptes, sollicité par la commission des finances de l’Assemblée nationale et publié le 24 septembre, analyse le modèle économique d’Électricité de France (EDF), centré sur une production nucléaire dominante et des réseaux régulés. Si la rentabilité s’est redressée en 2023-2024 grâce à des prix élevés, l’endettement a bondi de 23 Md€ depuis 2012, malgré des cessions d’actifs.
Entre 2012 et 2024, la rentabilité d’EDF a chuté, plombée par la moindre disponibilité du parc nucléaire, aggravée par la corrosion sous contrainte dès 2022. Les cash-flows insuffisants n’ont pas couvert les investissements, creusant la dette nette à 53 Md€. Pourtant, EDF fait face à un programme colossal de 460 Md€ d’ici 2040, principalement pour prolonger et renouveler son parc nucléaire (200 Md€) et moderniser le réseau de distribution (100 Md€).
Le rapport critique l’exposition croissante d’EDF aux fluctuations du marché avec la fin de l’Arenh en 2026, rendant les revenus du nucléaire moins prévisibles. Le financement de ces investissements reste flou : un prêt bonifié de l’État est évoqué, mais sans clarifier le partage des coûts entre EDF, l’État et les clients. La politique de dividendes de l’État, actionnaire majoritaire, manque aussi de lisibilité.
La Cour recommande à EDF une revue stratégique de ses actifs et filiales, ainsi qu’un suivi rigoureux de la rentabilité des projets renouvelables, souvent menés à l’international via des contrats de long terme. Elle insiste sur un futur contrat pour différence (CfD) alignant les prix de l’électricité sur les coûts réels de production.
Le député RN Jean-Philippe Tanguy a évoqué cette question énergétique en commission à l’Assemblée le 24 septembre, dénonçant « les dizaines de milliards d’euros volés aux Français par des décisions stupides que confirme la Cour des comptes sur EDF ».
Une critique qui reflète l’inquiétude sur la gestion d’EDF et sa soutenabilité financière face à ses ambitions. Le modèle intégré d’EDF, mêlant production, distribution et commercialisation, reste un atout pour gérer les risques, mais la transition énergétique imposée par Bruxelles et les investissements massifs qui en découlent exigent des arbitrages urgents.
Le rapport sonne l’alarme : sans une stratégie claire de financement et une discipline accrue, EDF risque un surendettement critique.