France

Renault et les drones pour l'Ukraine : une note interne tente de rassurer les salariés

Face aux inquiétudes grandissantes parmi ses équipes, Renault a diffusé, le 24 septembre, une note interne confidentielle expliquant ses discussions avec le ministère des Armées sur la production de drones militaires.

Dans la note interne censée être confidentielle mais révélée par plusieurs médias le 24 septembre, Renault évoque auprès de ses salariés la question de la construction d’armement militaire. L’entreprise automobile explique avoir été invitée par la Direction générale de l'armement (DGA) à contribuer à des projets de défense, au même titre que d'autres industriels français.

Les échanges, lancés il y a plusieurs mois, portent notamment sur une alliance avec une PME spécialisée pour équiper des lignes de production en Ukraine, destinées à l'armée ukrainienne et française. Le président Jean-Dominique Senard avait déjà évoqué en juin une ouverture à la question, sans calendrier précis.

À l’usine comme aux bureaux d’études, le sujet anime les pauses-café depuis l’été. « Certains psychotent véritablement », confie un technicien cité par Le Parisien, « je n’ai pas signé pour fabriquer des armes létales ». La note interne vise à « donner des clés de lecture claires », en listant atouts et « points de vigilance ».

Une opportunité économique face à un sujet explosif

Sans viser un rôle majeur en défense, le constructeur automobile voit dans une telle perspective un complément d’activité pour ses sites en France et non pas en Ukraine, alors que Volodymyr Zelensky revendiquait en juillet un tel scénario. L’activité n’est pas pour autant sans risque : sécurité des sites, cybersécurité et image de marque. Selon la note interne, « tout engagement reste conditionné à un impact positif sur l’activité en France », sans toucher aux investissements auto.

Sur X, des internautes ironisent sur un tel recyclage de l’activité de Renault, soulignant les tensions éthiques autour d’une telle orientation.

Ce projet pourrait ainsi mobiliser les chaînes civiles pour des drones low-cost en masse, comme le préconisait le délégué général pour l’armement Emmanuel Chiva, et pourrait pousser un peu plus la France dans le conflit. En juin 2025 déjà, un tel projet avait été évoqué et largement moqué par Maria Zakharovaporte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, qui déclarait alors : « Ils sont réalistes, ils ont perdu le marché automobile. »

Reste à voir si le géant automobile franchira le Rubicon, sans froisser ses équipes ni son ADN civil. Une décision qui pourrait redessiner les contours de l’industrie française en temps de guerre et exposer une marque historique du pays.