L’allocution de l’ONU a laissé le camp présidentiel partagé. Quelques soutiens ont salué « une étape », beaucoup se sont tus. Entre convictions personnelles et agenda politique, ce sujet a cristallisé les lignes de fractures dans une formation en pleine recomposition.
De la Palestine aux lignes de fracture internes
Si la majorité du camp présidentiel s’est montrée discrète sur la question de la reconnaissance de l’État de Palestine, certains ont affiché une rupture nette avec le président. Ainsi, le président de la région PACA Renaud Muselier a dit sa « réserve » sur le timing. Braun-Pivet a rappelé l’objectif de « deux États » sans citer l’Élysée.
Le maire de Nice Christian Estrosi s’est montré plus tranchant et a dénoncé une « faute historique ».
La discrétion de Gabriel Attal, président du parti présidentiel en dit long sur la gêne suscitée par ce sujet quand la présidente de l’Assemblée nationale Taël Braun-Pivet a timidement soutenu l’idée d’appeler chacun à faire le « choix clair de deux Etats », mais sans citer le discours du président de la République.
Seule l’eurodéputée Valérie Hayer semble avoir pris le parti du soutien total au président : « La reconnaissance de l’État palestinien est une étape historique sur le chemin de la paix ».
Cette discrétion générale traduit un calcul, une base Renaissance divisée et un sujet hautement sensible. Aurore Bergé a réaffirmé sa « fidélité » au président, mais sans entraîner un chœur unanime. La direction a privilégié les réactions individuelles plutôt qu’un communiqué national, signe d’une distance sous contrôle.
La dissolution à l’origine de la discorde
La dissolution de 2024 demeure la ligne de faille. Elle a été vivement critiquée par Bruno Le Maire dans son premier entretien après avoir quitté la vie politique. Gabriel Attal a, de son côté, assumé l’« après-Macron » et taclé la dissolution dans un discours prononcé à Arras le 21 septembre, posant ses jalons pour 2027.
Une partie des cadres a cependant boudé ce discours de rupture. Le parti vit au rythme d’initiatives personnelles et d’un recentrage sur la marque Attal.
Sur les sujets sociétaux, l’autonomisation s’affiche: Attal a relancé le débat sur une « GPA éthique », ligne rouge du président. Des fuites ont accrédité l’irritation de l’Élysée. L’entourage d’Attal cadre désormais ces thèmes et entend ancrer le parti plus à gauche.
Emmanuel Macron peut néanmoins compter sur certains cadres. Ainsi, Aurore Bergé, dont la fidélité politique est d’ordinaire fluctuante, a ainsi tenu à affirmer son soutien au président.
Sur le plan stratégique, la majorité cherche un équilibre : laisser l’Élysée porter le risque diplomatique tout en consolidant une offre politique alternative pour 2027. Gabriel Attal parle de « renversement de table » et de « nouvelle République », entre référendums réguliers et réformes structurelles, sans rupture formelle avec le bilan.
Renaissance avance sur une crête : soutien institutionnel, silences tactiques, signaux d’autonomie. La Palestine a révélé l’écart croissant entre l’Élysée et le parti. La dissolution l’a creusé. Les positions sur la GPA l’illustrent. L’arbitrage viendra de 2027, entre loyauté au président sortant et prise de contrôle par les prétendants à sa succession.