Sébastien Lecornu, Premier ministre depuis le 10 septembre 2025, fait face à une pression croissante des syndicats après leur mobilisation massive du 18 septembre contre les mesures d’austérité et les réformes du budget 2026.
Lors d’une réunion prévue ce mercredi 24 septembre à Matignon, il doit répondre à un ultimatum lancé par la CFDT, la CGT et FO, qui exigent un rééquilibrage fiscal et un abandon des projets de réforme des retraites. Avec un objectif de 44 milliards d’euros d’économies fixé par l’ancien Premier ministre, Lecornu navigue entre les attentes sociales et les contraintes budgétaires, dans un contexte où l’Assemblée reste fragmentée.
Le dilemme de Lecornu
Sur la justice fiscale, les syndicats réclament une taxation accrue des plus riches, reprenant l’idée d’une taxe Zucman (2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros), rejetée par le Sénat en juin. Lecornu pourrait proposer une alternative : renforcer l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI) avec un taux minimum de 20 % sur les holdings familiaux, visant les optimisations fiscales sans toucher les actifs professionnels, une piste évoquée par Bayrou pour générer 8 à 10 milliards d’euros.
Cette mesure, en discussion avec les sénateurs de droite et du centre, vise à apaiser la gauche tout en évitant une motion de censure, tout en restant cohérente avec son refus d’augmenter massivement les impôts. Concernant les retraites, l’enjeu est brûlant après les émeutes de 2023 contre la réforme Macron.
Les syndicats s’opposent à tout relèvement de l’âge légal ou allongement de la durée de cotisation, réclamant au contraire une revalorisation des pensions. Lecornu, prudent, pourrait opter pour un compromis : geler temporairement toute réforme structurelle et augmenter les pensions de 1 à 2 % en 2026, financées par une taxe exceptionnelle sur les superprofits des entreprises (estimée à 5 milliards d’euros).
Cette approche, soutenue par des économistes comme Thomas Piketty, répondrait partiellement aux exigences sociales, mais risque de froisser le patronat et les Républicains, qui exigent des coupes claires. Le budget 2026, au cœur des tensions, doit concilier ces arbitrages avec une dette publique dépassant 110 % du PIB.