Le 22 septembre 2025, au moins 86 mairies françaises, dont celles de Saint-Denis, Lyon, Rennes, Nantes et Besançon, ont hissé le drapeau palestinien pour célébrer la reconnaissance officielle de l’État de Palestine par la France, annoncée par Emmanuel Macron à l’ONU.
À Paris, des élus écologistes l’ont déployé à l’Hôtel de Ville, malgré l’opposition d’Anne Hidalgo, qui avait opté pour une projection des drapeaux palestinien et israélien sur la tour Eiffel. Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur démissionnaire, a fermement condamné ces initiatives et mandaté les préfets pour s’y opposer, arguant d’une violation de la neutralité du service public.
Drapeau ukrainien accepté, drapeau palestinien sanctionné ?
Ce principe fondamental, inscrit dans le Code de la fonction publique, impose aux édifices publics de ne pas exprimer d’opinions politiques, religieuses ou philosophiques. Une jurisprudence clé remonte à 2005 : le Conseil d’État a obligé la mairie de Sainte-Anne (Guadeloupe) à retirer un drapeau indépendantiste, affirmant que les mairies ne sauraient servir de tribune partisane.
Les obligations légales sont claires : les bâtiments publics doivent rester neutres, sauf si le pavoisement reflète une position officielle de l’État, comme la reconnaissance diplomatique de la Palestine. Des exemples récents illustrent ces tensions. À Malakoff (Hauts-de-Seine), le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a ordonné le retrait du drapeau palestinien, assorti d’une astreinte de 150 euros par jour de retard, malgré le maintien par la maire communiste.
À Strasbourg, une illumination aux couleurs palestiniennes a été interdite a posteriori. En comparaison, le drapeau ukrainien a été validé en 2024 comme geste de solidarité nationale, et le drapeau israélien après les attaques du 7 octobre 2023, distinguant solidarité internationale d’opinion partisane.
Les tribunaux administratifs ne traitent pas toutes les saisines en urgence, laissant une marge d’interprétation. Les risques pour les maires sont financiers : astreintes si le drapeau persiste, mais aucune sanction si retiré rapidement. Cette affaire met en lumière la complexité juridique : entre devoir de neutralité et expression de solidarité diplomatique, les décisions varient.
Elle reflète les divisions politiques post-reconnaissance palestinienne, avec une droite mobilisée contre ces symboles et une gauche les défendant comme un acte légitime. Sans recommandation formelle, les tribunaux invitent à une prudence accrue pour éviter les contentieux, soulignant que la loi privilégie la neutralité pour préserver la confiance publique.