«Nombreux sont les États qui ont promis la reconnaissance de l’État palestinien et certains l’ont fait aujourd’hui, mais ils l’ont fait 80 ans après l’adoption de la résolution qui décrétait la partition de la Palestine mandataire».
Lors de son intervention dans la nuit du 22 au 23 septembre, au siège des Nations unies à New York, à l’occasion de la Conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution des deux États, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Verchinine a réitéré la position de son pays vis-à-vis du conflit en cours à Moyen-Orient.
« Ce qui se déroule aujourd’hui au Moyen-Orient dépasse ce que nous pouvons imaginer », a-t-il déclaré. « Nous voyons aujourd’hui une agression contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de pays membres des Nations unies, nous voyons également une attaque contre des installations nucléaires se trouvant sous les garanties de l’AIEA », l’Agence internationale de l'énergie atomique, a constaté le ministre russe.
« Quant à la bande de Gaza », a poursuivi Verchinine, elle est aujourd’hui affamée, une famine provoquée par l’homme : 50 000 enfants sont déjà morts, et d’autres souffrent de malnutrition aigüe et de famine», a-t-il souligné à l’occasion de cette conférence en marge de l’Assemblée générale annuelle des Nations unies. Conférence, co-présidée par l’Arabie saoudite et la France, au cours de laquelle le Président français a annoncé la reconnaissance par son pays de l’État de Palestine. Une reconnaissance par laquelle la France a rejoint les plus de 150 pays qui ont déjà franchi ce pas.
Ne pas agir « serait même une complicité passive »
« La bande de Gaza s’est vu condamner à mort par le gouvernement israélien, qui compte annexer la Cisjordanie et d’établir le "Projet E1" », a-t-il alerté, en référence à ce projet de colonie qui prévoit la construction de plus de 3 000 logements à l’est de Jérusalem. Projet « qui saperait la possibilité d’établir un État palestinien d’un seul tenant et viable », a-t-il insisté. En effet, ce projet avalisé le 20 août par le gouvernement de Benjamin Netanyahou, couperait la Cisjordanie en deux.
Outre le vice-ministre russe des Affaires étrangères, plus d’une trentaine de représentants se sont succédés à la tribune des Nations unies durant plus de trois heures, réaffirmant leur soutien à une résolution à ce conflit qui déchire depuis près de deux ans le Proche-Orient.
Intervenant par visioconférence le Président de l'État de Palestine, Mahmoud Abbas a salué une déclaration «historique», en référence à la déclaration de New York, « qui marque le début d’un chemin irréversible pour mettre un terme à la catastrophe humanitaire et pour mettre fin à l’occupation conformément aux initiatives internationales ».
« Devant tant d’inhumanité », a pour sa part interpellé le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, « ne pas agir ce n’est pas une option, ce serait même une complicité passive ». Condamnant le terrorisme « sous toutes ses formes et manifestations » et appelant à la libération des derniers otages retenus par le Hamas « pour avancer sur la voie de la détente nécessaire au dialogue », le président de l’Angola, João Lourenço, n’a pas mâché ses mots à l’endroit de l’État hébreu dans le conflit l’opposant au Hamas depuis le 7 octobre.
« Le peuple palestinien est en train d’être anéanti », alerte Sanchez
« Tout en condamnant, de façon limpide, les actes de violence délibérés perpétrés contre les civils israéliens par le Hamas, nous condamnons aussi la réaction disproportionnée de l’État d’Israël qui a utilisé des avions de combat, des bombardiers, des chars, l’artillerie lourde, non pas contre une armée classique, mais contre une population civile sans défense, contre des journalistes, du personnel médical, des employés des Nations unies, d’organisation humanitaire, sous prétexte de poursuivre le Hamas », a-t-il déclaré.
Même tonalité du côté de l’Espagne. « Si la reconnaissance de l’État palestinien est urgente, l’existence d’un peuple palestinien - dans un État que nous prétendons reconnaitre -, l’est encore plus. Hélas, le peuple palestinien est en train d’être anéanti », a déclaré le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez. « Au nom de la raison, au nom du droit international, au nom de la dignité humaine, nous devons faire cesser ce massacre immédiatement », a-t-il poursuivi.
S’il a salué une « étape cruciale », « fondamentale », au travers de cette conférence dédiée à la réaffirmation de la solution à deux États, « que les choses soient claires, il n’y a pas de solution possible lorsque la population d’un de ces États est victime d’un génocide », a encore affirmé Sánchez, demandant à ce que l’État de Palestine devienne un membre de plein droit aux Nations unies et que «des mesures pour freiner la barbarie et rendre la paie possible» soient adoptées.
« Il est urgent de prendre des mesures collectives pour mettre un terme à cette guerre déchirante », a également appelé le chef de la diplomatie mexicaine, Juan Ramón de la Fuente. Pour sa part, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen - qui ne compte plus les dizaines de milliards engagés en faveur de son soutien à Kiev -, a présenté l’UE comme la « planche de salut de l’autorité palestinienne» en évoquant une « enveloppe budgétaire sans précédent de 1,6 milliard d’euros » ainsi que la mise en place d’un « instrument spécial pour la reconstruction de Gaza » et d’enjoindre les pays membres de l’ONU à « en faire davantage ».