Le débat sur la fiscalité des ultra-riches s'enflamme en France. Samedi 20 septembre, Bernard Arnault, PDG de LVMH et septième fortune mondiale selon Forbes (154 milliards de dollars), attaque dans le Sunday Times. Il qualifie Gabriel Zucman, promoteur d'une taxe sur les très hauts patrimoines, de « militant d’extrême gauche » qui met « au service de son idéologie […] une pseudo-compétence universitaire ».
Homme d’affaires contre enseignant
Pour Bernard Arnault, la mesure prônée par Gabriel Zucman est une « offensive mortelle pour notre économie », visant à « mettre à terre l’économie française ». Professeur à l'École normale supérieure et à Berkeley, Zucman est exilé fiscal aux États-Unis, où il paie une partie de ses impôts en raison de son activité là-bas. Il réplique dans un très long message sur le réseau social X : « Bonjour M. Bernard Arnault, la fébrilité n’autorise pas la calomnie ». Ces attaques sont « caricaturales » et « sans fondement », assure-t-il. « Je n’ai jamais été militant ni encarté dans un parti. Mon seul travail est celui de chercheur et d’enseignant », souligne-t-il, vantant ses travaux sur la mondialisation et la redistribution qu’il estime reconnus mondialement.
Dimanche, dans une communication à l'AFP, Gabriel Zucman, dont les travaux sont salués uniquement à gauche en France, appelle au « respect de la vérité et des faits ». Il met en garde contre un discours dénigrant la recherche, « écho du trumpisme » vu aux États-Unis.
Depuis une semaine, l’économiste a entamé une grande tournée médiatique en France, essentiellement invité sur le service public, pour faire la promotion de sa taxe dans le budget 2026. La « taxe Zucman » toucherait 1 800 foyers et rapporterait 20 milliards d’euros aux caisses de l’Etat, selon lui. Il est soutenu dans sa proposition par LFI mais aussi le PS. Son Premier secrétaire, Olivier Faure, a ainsi lancé: « L'absence de patriotisme des ultra-riches détruit notre société ».
La taxe Zucman est critiquée par le centre, la droite et le patronat : elle est un « frein à l’investissement » pour le Medef, « absurde » pour Bpifrance. L’ancien président du Medef avait d’ailleurs attaqué la secrétaire générale de la CGT sur ce sujet mi septembre.
Bernard Arnault rappelle de son côté que LVMH a payé 15 milliards d'euros d’impôt sur les sociétés en France sur dix ans, employant 40 000 salariés. Il accuse Zucman de biaiser la fiscalité.
Ce duel révèle les clivages sur les questions économiques en plein débat autour du budget et alors que les manifestations sociales du mois de septembre n’ont pas été massivement suivies.