Devant 2 500 militants au Zénith d’Arras (Pas-de-Calais) dimanche 21 septembre, Gabriel Attal, secrétaire général de Renaissance et ancien Premier ministre, a tenu un discours de rentrée offensif, marquant un virage à gauche du parti présidentiel. Ce premier grand rendez-vous depuis la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon visait à redéfinir l’identité macroniste dans un contexte d’instabilité post-dissolution.
Gabriel Attal s’en prend même à Emmanuel Macron
Gabriel Attal n’a pas mâché ses mots sur la crise actuelle. « L’origine première de cette instabilité, c’est la décision de dissoudre l’Assemblée nationale. J’y étais opposé, car je savais que la France en paierait le prix », a-t-il lancé, pointant une « rupture » et une « cassure » pour des millions de Français.
Il a évoqué 2027 comme un « grand ressaisissement » pour « tourner la page du chaos et des vieilles recettes du passé », soutenant le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu tout en se positionnant comme un leader émancipé d’Emmanuel Macron.
Le congrès a pourtant révélé des fissures internes. Plusieurs macronistes historiques ont boycotté le discours de clôture d’Attal. Les ministres démissionnaires Élisabeth Borne et Aurore Bergé, présentes en matinée, se sont éclipsées avant l’intervention. Seuls trois ministres démissionnaires, dont François Bayrou, sont restés. Ces absences, révélées par BFMTV, traduisent un malaise face à l’ambition présidentielle d’Attal, perçu comme cherchant à distancer Macron.
Le meeting, censé être fédérateur, a ainsi mis en lumière une Renaissance divisée entre loyautés anciennes et appétits pour l’avenir. Au cœur de son intervention, Attal a assumé un virage progressiste. Il a proposé d’inscrire dans la Constitution un « principe de non-régression sociétale », calqué sur le modèle environnemental : « Inscrivons un principe de non-régression sociétale pour qu’aucune loi ne puisse revenir sur les droits, les progrès en matière d’égalité des sexes, d’orientations sexuelles ou de libertés individuelles ».
Une mesure symbolique pour ancrer les droits des homosexuels et séduire un électorat urbain et de gauche qui fait écho à sa récente offensive en faveur de la GPA. Il a esquissé une refonte institutionnelle, prônant une « Ve République du XXIe siècle » sans VIe. « Cessons de croire au mythe de l’homme providentiel et acceptons de partager le pouvoir », a-t-il plaidé, appelant à des « référendums réguliers », reprenant ainsi une proposition d’Emmanuel Macron non suivie d’effets.
Parmi ses idées : réduction du nombre de parlementaires (de 925 à moins), suppression de strates de collectivités territoriales, et « moins de voies de recours » pour accélérer les projets locaux.
Sur la justice des mineurs, il a jugé que « dans certains cas, ils doivent être jugés comme des majeurs ». Enfin, il a évoqué une réforme des retraites : un système « libre, sans âge légal, avec cotisation par points et capitalisation ouverte ».
Gabriel Attal a enfin mis en garde contre les « extrêmes », accusés de prospérer « sur la détresse » et de semer la division. Il promet un « travail inédit » dans les 18 mois pour « remettre à plat notre organisation institutionnelle ». 18 mois, c’est le temps qui nous sépare de la prochaine élection présidentielle.