À gauche, la taxe est défendue comme un outil de justice fiscale. Jean-Luc Mélenchon, fondateur de La France insoumise (LFI), incarne cette ligne en prônant une redistribution radicale des richesses, allant jusqu’à proposer la confiscation des patrimoines dépassant 12 millions d’euros pour les héritages. Les socialistes, à l’image de l’eurodéputée Chloé Ridel, et les écologistes soutiennent également le dispositif, voyant dans cette mesure un moyen de réduire les inégalités.
Gabriel Zucman lui-même insiste pour que l’illiquidité de certaines fortunes, comme les actions non cotées, ne serve pas d’« alibi » pour bloquer la taxe, proposant des paiements en actions versées à un fonds souverain géré par Bpifrance. Cependant la mesure prônée par l’économiste est loin de faire l’unanimité.
Taxe Zucman : les détracteurs dénoncent « l’illusion fiscale » et mettent en garde contre l’évasion des capitaux
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, qualifie la taxe de « communiste », redoutant ses effets sur les entreprises. Les Républicains et les libéraux, comme Erwan Le Noan, dénoncent une « illusion fiscale » qui nuirait à la compétitivité et à l’innovation en poussant les talents et les capitaux à l’exil. Ils soulignent que taxer des patrimoines non liquides, comme les parts d’entreprises, forcerait les entrepreneurs à vendre, souvent à des fonds étrangers, affaiblissant l’économie française.
Les débats autour de la taxation ont aussi donné lieu à une passe d’arme entre l’ancien patron du Medef et la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet.
De nombreux journalistes et internautes ont par ailleurs relevé que l’auteur de cette taxe était lui-même exilé fiscal. Ainsi, Guillaume Perrault du Figaro rappelle que Gabriel Zucman a obtenu la nationalité américaine et « paye aujourd’hui une partie de ses impôts… aux États-Unis, où le taux moyen est inférieur d’un tiers à celui de la France ».
Le Rassemblement national (RN) adopte une position ambiguë. Marine Le Pen, tout en revendiquant un discours social, rejette la taxe Zucman au motif qu’elle toucherait les « biens professionnels ». Jordan Bardella, président du RN, évoque un risque d’exil fiscal, rejoignant ainsi les arguments d’Emmanuel Macron et de sa majorité, qui refusent un impôt pénalisant les entrepreneurs. Cette convergence, relevée par Zucman, embarrasse le RN, tiraillé entre son électorat populaire favorable à la taxe (69 % selon un sondage Ifop) et sa volonté de ne pas froisser le patronat.
Au centre, Arthur Mensch, PDG de Mistral, incarne une position nuancée. Incapable de payer une telle taxe faute de liquidités, il appelle néanmoins à un débat « modéré » pour plus de justice fiscale, tout en préservant la compétitivité française. Ce débat, loin d’être tranché, cristallise les tensions entre égalitarisme et dynamisme économique.