L’économie française tourne au ralenti, pénalisée par une instabilité politique persistante, selon la Banque de France. Dans ses projections publiées le 15 septembre, l’institution a revu à la baisse sa prévision de croissance pour 2026, passant de 1 % à 0,9 %, en raison des incertitudes déclenchées par les crises politiques, notamment la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 et la démission du Premier ministre François Bayrou le 9 septembre.
Instabilité politique et prévisions maussades
Ces soubresauts ont plongé le pays dans un « état d’incertitude constante », selon Daniel Baal, président de la Fédération bancaire française.
Les conséquences sont tangibles. Les chefs d’entreprise, échaudés par l’instabilité et l’annonce d’un ajustement budgétaire de 44 milliards d’euros, hésitent à investir et à recruter. Le baromètre Rexecode-Bpifrance révèle que 76 % des patrons de PME et TPE envisagent de reporter ou d’annuler des projets d’investissement après l’annonce de Bayrou, contre 60 % auparavant. Les embauches sont également touchées : 57 % des dirigeants prévoient de les réduire, contre 47 % avant l’annonce.
François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, appelle à un « effort partagé » pour ramener le déficit public à 3 % du PIB d’ici 2029, proposant des mesures anti-optimisation fiscale sur les hauts patrimoines.
Les ménages, eux, privilégient l’épargne au détriment de la consommation, qui représente la moitié de l’économie française. Cette frilosité pèse sur la croissance, malgré des fondamentaux solides, comme une inflation contenue à 1 % et un chômage stable. La Banque de France note toutefois une embellie en 2025, avec une croissance révisée à 0,7 %, portée par l’agriculture, l’aéronautique et le tourisme. Mais cette dynamique reste inférieure à la moyenne européenne (1,4 % selon l’Insee).
L’agence Fitch a par ailleurs dégradé la note souveraine de la France le 12 septembre, invoquant l’instabilité politique. Sans un retour de la confiance, la reprise économique risque de se faire attendre.