France

France : deuxième jour au pouvoir du premier ministre sans majorité, sans projet, dans l’impasse

À peine nommé, Sébastien Lecornu enchaîne les rencontres pour tenter de construire une majorité parlementaire. Mais alors que les socialistes refusent toute participation et que le Rassemblement national promet déjà la censure, le nouveau Premier ministre semble pris au piège d’un Parlement ingouvernable, sans alliés ni compromis possibles.

Nommé dans l’urgence pour tenter de stabiliser un exécutif rejeté par l’Assemblée, Sébastien Lecornu a entamé, dès le 10 septembre, une série de consultations avec les principaux partis politiques. Ce 11 septembre, il poursuit ces rencontres à Matignon, dans l’espoir de rallier des forces au projet de loi de finances pour 2026. Officiellement, l’objectif est de « bâtir les accords indispensables ». En réalité, il s’agit surtout de gagner du temps.

Dès les premières heures, le décor se fissure. Les échanges engagés avec le bloc central – Renaissance, MoDem, Horizons – et Les Républicains ne débouchent sur rien de concret. Le cadre politique reste verrouillé : pas de remise en question des réformes sociales, aucune ouverture sur la fiscalité des plus riches et surtout, pas de rupture avec la ligne économique d’Emmanuel Macron. Le ton est posé.

Des lignes rouges à gauche, une fermeture totale à droite

Du côté des socialistes, la ligne est claire. Olivier Faure a exclu toute participation au gouvernement et insiste sur le fait que c’est à Matignon d’intégrer leurs propositions, pas l’inverse. Boris Vallaud, président du groupe PS à l’Assemblée, a fixé ses conditions : retour sur la réforme des retraites, mesures concrètes sur le pouvoir d’achat et mise en place d’une taxation sur les très hauts patrimoines. Faute de quoi, la censure sera déposée.

Une forme de méfiance traverse désormais toutes les oppositions. Chez les communistes, les écologistes et même les modérés de gauche, le message est le même : les consultations actuelles rappellent trop celles de François Bayrou et ne visent qu’à maquiller l’isolement croissant du pouvoir. Fabien Roussel parle de mesures urgentes à prendre, tandis que Raphaël Glucksmann évoque une éventuelle négociation, à condition que les marqueurs fiscaux de gauche soient intégrés au budget.

La droite, de son côté, ne montre aucune volonté de compromis. Le Rassemblement national dénonce une opération de communication sans contenu. Aucun contact sérieux n’a été engagé avec ses représentants. Jordan Bardella résume la situation : Lecornu n’a pas de majorité, et sans changement de cap radical, il tombera comme ses prédécesseurs.

Un pouvoir en bout de course

Ce que montrent ces premières consultations, c’est l’isolement croissant du pouvoir. Lecornu, loyal soldat de Macron, se retrouve seul à tenter de construire une coalition introuvable. Les alliances se dérobent, les réponses se durcissent. Même parmi les soutiens traditionnels du président, personne ne croit plus à la stratégie du dialogue.

Dans ce climat tendu, les partis d’opposition ne cherchent plus à éviter la crise : ils s’en accommodent, voire l’attendent. Plusieurs formations préparent déjà une motion de censure. Le gouvernement, lui, continue de faire semblant de gouverner. Mais tout indique que le scénario est déjà écrit : aucune majorité n’est en vue, et la chute semble inévitable.

Ce n’est pas un nouveau départ, mais bien un tour de piste supplémentaire pour un pouvoir en bout de course.