Le choix de Sébastien Lecornu, ministre des Armées depuis 2022, comme nouveau Premier ministre par Emmanuel Macron a provoqué une onde de choc politique. Annoncée le 9 septembre 2025 pour remplacer François Bayrou après sa chute, cette nomination divise profondément les forces politiques françaises. À 39 ans, cet élu normand, proche du président, est perçu comme une figure de continuité dans un contexte de crise institutionnelle.
Un fidèle macroniste sous le feu des critiques
Marine Le Pen, chef de file du Rassemblement national (RN), n’a pas mâché ses mots, qualifiant cette nomination de « dernière cartouche du macronisme bunkérisé ». Sur X, elle prédit un échec rapide, misant sur une nouvelle dissolution et l’arrivée de Jordan Bardella à Matignon.
Le RN, par la voix de Laure Lavalette, menace déjà d’opposer un veto à tout budget qui ne refléterait pas ses priorités. À gauche, les réactions sont tout aussi acerbes. Mathilde Panot (LFI) dénonce une « provocation », évoquant le passé du nouveau Premier ministre face aux Gilets jaunes et aux crises sociales tandis que Jean-Luc Mélenchon fustige : « Lecornu, l'homme qui a cédé devant Trump et promis 5% du PIB à l'Otan et aux USA, et cautionné le grand n'importe quoi en Ukraine ».
Marine Tondelier (Écologistes) évoque un « non-respect des Français », tandis que le socialiste Philippe Brun y voit une « gifle pour le Parlement ». LFI, par la voix de son coordinateur national Manuel Bompard, annonce même une motion de censure dès l’ouverture de la session parlementaire.
Le socle commun conforté par Emmanuel Macron
En nommant un proche, Emmanuel Macron rejette la nouvelle donne issue des législatives de 2024. Alors que le président n'est soutenu que par 15 %, selon un sondage du Figaro, Lecornu hérite d’une Assemblée fragmentée en onze groupes, sans majorité.
Sa mission : obtenir une non-censure, notamment du Parti socialiste, pour adopter un budget 2026. La droite, plus mesurée, espère des accords. Valérie Pécresse (LR) appelle à un « contrat de gouvernement » axé sur la rigueur budgétaire et sécuritaire.
Édouard Philippe, du parti Horizons, loue de son côté les qualités de dialogue de Sébastien Lecornu, alors que le président du groupe Modem à l’Assemblée adresse ses félicitations au nouveau chef de gouvernement et appelle à « un compromis qui suive le chemin tracé par Bayrou ».
La passation de pouvoir avec Bayrou, prévue ce 10 septembre à midi, marque le début d’une tâche ardue pour Lecornu. Dans un climat d’impopularité record pour Emmanuel Macron, cette nomination pourrait précipiter une nouvelle crise si les compromis nécessaires ne sont pas trouvés.