Depuis le 9 septembre, la France emprunte à des taux d’intérêt comparables, voire supérieurs, à ceux de l’Italie sur les obligations d’État à dix ans, une situation inédite depuis le lancement de l’euro en 2002. Le rendement des emprunts français a atteint 3,48 %, contre 3,47 % pour l’Italie, marquant un renversement historique.
Longtemps perçue comme un modèle de stabilité budgétaire face à une Italie jugée moins rigoureuse, la France voit son image se dégrader sur les marchés financiers.
Ce renchérissement du coût de la dette française intervient dans un contexte de turbulences et d'incertitudes politiques, accentuées par la chute du gouvernement Bayrou. Ce dernier avait annoncé en juillet un plan d’économies de 40 milliards d’euros, mais l’instabilité déclenchée par la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 par Emmanuel Macron a fragilisé la confiance des investisseurs. La France vient de basculer dans une nouvelle zone de turbulences, à l’inverse de l’Italie qui bénéficie d’une amélioration de sa situation budgétaire dans un contexte politique plus stable sous la présidence du Conseil de Giorgia Meloni.
Rome s’est engagée à réduire son déficit à 2,8 % d’ici 2026. « La situation italienne s’est améliorée ces dernières années, tandis que le déficit français a augmenté, à contre-courant des tendances européennes », observe Julien-Pierre Nouen, directeur des études économiques chez Lazard Frères Gestion. L’écart entre les taux français et allemands, référence en Europe, s’est également creusé, passant de 0,70 à 0,82 point de pourcentage depuis l’annonce du vote de confiance le 25 août. Cette dérive reflète un risque perçu plus élevé pour la dette française. Les regards se tournent désormais vers Fitch Ratings, qui révisera la note de la France vendredi. Une perspective négative déjà en place laisse craindre un abaissement.
Malgré ces tensions, le CAC 40 a légèrement progressé (+0,46 % à 7 770,07 points). Cependant, l’incertitude persiste, et la nomination rapide de Sébastien Lecornu comme Premier ministre vise, dans ce contexte, à restaurer la confiance des marchés alors que l’instabilité politique coûte cher à la France.