Alors que la France est en pleine tempête politique depuis l’annonce du Premier ministre de son projet de budget 2026 en juillet, de nombreux points au sein de ce projet sont passés presque inaperçus. Parmi eux, l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) a relevé que le gouvernement envisagerait d’annuler l’exonération fiscale et sociale des pourboires.
« C’est n’importe quoi. Ça ne se fera jamais ! Comment veulent-ils nous taxer là-dessus ? » Auprès des serveurs et des autres acteurs de ce secteur, la nouvelle est accueillie très froidement. Hugo, employé d’un restaurant dans le centre-ville de Rennes, ne veut pas y croire : « Aucun serveur ou barman n’acceptera. »
Pourtant, cette exonération est assez récente, puisqu’elle a été mise en vigueur seulement en 2022. Avant cela, tous les pourboires devaient être déclarés au fisc : « Évidemment [je le faisais], comme tous les gens qui bossent dans la restauration », déclare avec beaucoup de sarcasme un barman interrogé à Rennes.
Contrôle impossible
« C’est un petit bonus, un truc en plus. » Bien entendu, personne ne l’a jamais déclaré, pour la simple et bonne raison qu’il n’est tout simplement pas quantifiable de façon concrète. La plupart du temps, ce dernier est entièrement en espèces, et même lorsqu’il est ajouté sur la note lors des paiements par carte bancaire, le personnel retirait tout de suite l’extra en espèces depuis la caisse.
Même si, dans les villes moyennes, les pourboires représentent une partie infime des revenus (environ 50 € par mois), dans la capitale il en est tout autrement. Les « tips », comme disent les Anglo-Saxons, peuvent parfois équivaloir à un salaire complet pour le personnel travaillant dans les établissements huppés de Paris.
Une taxe « sourire »…
Thierry Marx, président de l’UMIH, proteste : « Les pourboires ne sont pas un privilège, mais une reconnaissance du service par le client. Les fiscaliser et faire payer des cotisations sociales sur ces gratifications reviendrait à instaurer une taxe sourire. »
Commandées par ce même organisme, deux enquêtes Ipsos indiquent que « 41 % des salariés de la restauration envisageraient de quitter le secteur » en cas de taxation des pourboires. Et les patrons acquiescent : 92 % des employeurs rejettent l’idée d’une taxation.
Reste maintenant à savoir si le gouvernement restera sur son cap ou virera de bord pour éviter une nouvelle vague scélérate de protestations venant d’un secteur déjà fragilisé depuis la crise du COVID.