L’annonce par François Bayrou, le 25 août, d’un vote de confiance à l’Assemblée nationale le 8 septembre a mis le feu aux poudres dans un paysage politique déjà fracturé. Ce pari audacieux, visant à asseoir sa légitimité face à une crise budgétaire, est perçu par les oppositions comme une provocation ou une tentative désespérée de sauver un gouvernement en sursis. Les réactions, vives et unanimes, laissent présager un échec cuisant pour le Premier ministre.
Les jours de François Bayrou semblent comptés
Le Parti socialiste (PS), par la voix de son premier secrétaire Olivier Faure, a immédiatement fermé la porte à tout soutien. « Il est inimaginable que les socialistes votent la confiance », a-t-il déclaré au Monde, accusant Bayrou de chercher à « soigner sa sortie » plutôt que de répondre aux besoins du pays. Boris Vallaud, chef des députés PS, a renforcé cette position sur BFMTV, dénonçant une « liquidation » orchestrée par un Premier ministre qui « refuse le dialogue ».
Le PS, fort de ses 66 députés, prépare un contre-projet budgétaire, promettant de juguler les déficits sans sacrifier les services publics. La France insoumise (LFI) n’a également pas tardé à réagir. Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée, a promis de « faire tomber Bayrou », saluant une « première victoire » face à un gouvernement impopulaire. Jean-Luc Mélenchon, qui a été pris à parti lors de l’intervention du chef du gouvernement, a approuvé la démarche républicaine du vote, mais a qualifié Bayrou de manipulateur, cherchant à « gouverner par la peur ».
Les Écologistes, menés par Marine Tondelier, et le Parti communiste, via Fabien Roussel, ont également annoncé leur opposition.
Le Rassemblement national (RN), avec ses 123 députés, ne votera pas non plus la confiance. Marine Le Pen et Jordan Bardella appellent à une dissolution de l’Assemblée, estimant que « seule une alternance » peut redresser le pays. Sébastien Chenu, vice-président du RN, a qualifié la décision de Bayrou d’« immobilisme satisfait », prédisant un « ultime échec ».
Face à ce front du refus, le « socle commun » macroniste (MoDem, Horizons, LR) se montre discret, hormis le soutien affirmé du MoDem de Marc Fesneau.
Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée, insiste sur la nécessité de réduire la dette, mais s’oppose à une dissolution qui remettrait en jeu sa place au perchoir. Gérald Darmanin, ministre de la Justice, juge le pari « courageux », tout en n’écartant pas une nouvelle dissolution si aucun compromis n’émerge.
Ce vote, censé clarifier la majorité, risque de plonger la France dans une crise politique profonde, entre mobilisation sociale le 10 septembre et incertitudes parlementaires. Si l’idée d’une dissolution revient régulièrement dans la bouche des personnalités politiques, le président Macron dit y être opposé.