La tension monte en France à l’approche du 10 septembre, en témoigne cet échange houleux entre un activiste de gauche et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez. « C’est un bon mot d’ordre », a commenté sur X Ritchy Thibault, ancien collaborateur parlementaire de la députée de la France insoumise (LFI) Ersilia Soudais (Seine-et-Marne), relayant une photo prise à Aurillac où l’on peut voir un tag «le 10 septembre on prend la pref». « D’autant plus que les préfets semblent agités en ce moment », a-t-il ajouté.
« Ces propos inacceptables et particulièrement graves me paraissent susceptibles de relever de la provocation à commettre des violences et des dégradations », a réagi le préfet de police de Paris Laurent Nuñez, ajoutant que « conformément à l’article 40 du Code de procédure pénale, je les signale au parquet de Paris ». Message auquel l’intéressé a répondu quelques heures plus tard : « du calme, l'agité, et barricade-toi bien dans ta préfecture ! ».
« Cela prend la direction d’une menace sur la République elle-même », a notamment dénoncé Louis Aliot, maire Rassemblement national de Perpignan, au micro d’Europe 1.
« C’est de la sédition »
«Quand vous commencez à attaquer les symboles de la présence gouvernementale dans les départements et donc de la République, c'est donc que vous attaquez la République et que vous comptez renverser par la violence et par l'occupation illicite le régime politique en place», a-t-il développé avant de pointer du doigt ce qu'il décrit comme « de la sédition » en s’inquiétant de la « passivité des réactions ».
La radio privée avait d’ailleurs révélé, en octobre 2024 que Ritchy Thibault était inscrit « au moins » dans le fichier des personnes recherchées (FPR) ainsi qu’au fichier de prévention des atteintes à la sécurité publique (FPSAP). Un « ancien meneur gilet jaune » qui « collectionne les plaintes et procès pour incitation à la violence » et « embarrasse LFI », le décrivait Charlie Hebdo sous ces termes deux semaines plus tard.
Ritchy Thibault, alors âgé de 20 ans, venait d’être interdit d’entrée à l’Assemblée nationale et à l’Hôtel de Lassay, la résidence officielle de la présidente de l’Assemblée nationale, après avoir appelé à l’intifada dans Paris lors d’un rassemblement propalestinien début octobre.
En toile de fond de l’échange, houleux, entre l’activiste de gauche et le préfet de police de Paris : la journée du 10 septembre, date à partir de laquelle le mouvement « Bloquons tout » a appelé sur les réseaux sociaux à « mettre la France à l’arrêt ». Un appel qui a émergé en juillet, quelques jours après l’annonce par le Premier ministre François Bayrou d’un plan visant à dégager 40 milliards d’euros d’« économies ». Un mouvement que « surveille de près » la Place Beauvau, avait confié dès le mois de juillet à BFMTV l’entourage du ministre français de l’Intérieur.
« Personne ne sait au juste d’où il est parti », a déclaré ce 23 août à propos de ce mouvement Jean-Luc Mélenchon, au JT de TF1, depuis Châteauneuf-sur-Isère (Drôme) où LFI tient son université d’été. Un mouvement dans lequel « tous les insoumis doivent s’investir », a appelé le leader politique. « Nous souhaitons que les syndicats, dont c’est le pouvoir […], appellent à une grève générale ce jour-là pour donner à cette journée du 10 septembre une immense puissance », a-t-il ajouté.